La malnutrition est un facteur de risque qui expose à de
nombreuses infections, tout particulièrement à la tuberculose qui a
toujours eu un faible pour les sujets affaiblis, ne serait-ce que
sur le plan immunitaire. Mais dans la susceptibilité aux agents
infectieux, les interactions entre les divers systèmes de
l’organisme sont bien connues. De là à conclure que l’obésité a un
effet inverse, il y a évidemment un fossé, voire un précipice qu’il
n’est pas permis de franchir sans données concluantes.
Une étude réalisée à Hong-Kong (Chine) apporte quelque argument en
faveur de cette hypothèse. Il faut dire que dans ce pays,
l’incidence de la tuberculose reste élevée, de l’ordre de 90 pour
100 000 habitants, ce qui en fait un terrain privilégié pour
se pencher sur l’hypothèse de départ. De plus, la prévalence de
l’obésité à Hong-Kong est certainement plus élevée que dans les
autres régions de la Chine.
Une cohorte composée de 42 116 sujets âgés d’au moins 65 ans a été suivie entre 2000 et 2005. Tous les cas de tuberculose évolutive ont été colligés à partir du 3ème mois après l’inclusion dans l’étude. L’index de masse corporelle (IMC) a été évalué et ses valeurs ont été classées en fonction des standards appliqués en Asie.
Chez les sujets obèses (IMC>= 30 kg /m2) ou simplement atteints d’une surcharge pondérale (IMC compris entre 25 et 30), le risque de développer une tuberculose s’est avéré nettement inférieur à celui des sujets d’IMC plus bas (compris entre 18,5 et 25,0), soit un risque relatif (RR) respectivement de 0,36 (intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 0,20 à 0,66) et de 0,55 (IC95 de 0,44 à 0,70). Ce résultat a été obtenu après ajustement en fonction des variables démographiques, sociales et cliniques accessibles à l’investigation. Une relation linéaire inverse avec l’IMC n’a été mise en évidence que pour la tuberculose pulmonaire, mais non pour les formes extrapulmonaires. L’association n’a pas été modifiée par l’exclusion des sujets qui présentaient des facteurs de risque prédisposant à la tuberculose.
Au sein de la population âgée de Hong-Kong, l’obésité protégerait de la tuberculose pulmonaire. Certes, de multiples mécanismes peuvent être évoqués pour expliquer cette association négative qui peut ne pas sembler surprenante, voire s’apparenter à une tautologie. Il fallait l’établir, mais il faut la confirmer dans d’autres populations, avant de se lancer dans des hypothèses pathogéniques prématurées.
Dr Catherine Watkins