Rouen, le lundi 6 août 2007 – Renforcée par la loi du 4 mars 2002 sur les droits des malades et la qualité du système de santé, l’information des patients, en ce qui concerne notamment les infections nosocomiales, est une obligation légale qui incombe aux professionnels de santé. Cependant, malgré les nombreux commentaires qu’ont suscités ces dispositions et malgré l’attention extrême des médias en ce qui concerne le risque d’infections nosocomiales, il apparaît que l’information sur ces pathologies n’est pas au cœur de la relation professionnel de santé/malade. Les premiers paraissent en effet ne pas avoir inscrit le « devoir d’informer » comme une priorité de leurs discours auprès de leurs patients, tandis que les seconds, malgré l’hallali médiatique, ne semblent pas désireux de tout savoir sur les risques infectieux qu’ils encourent. Telle est tout du moins la conclusion que permettent de tirer les résultats d’une enquête menée en Normandie par l’équipe du docteur Véronique Merle du CHU de Rouen.
Les patients ne posent pas de question !
Cette étude publiée au mois de juillet par le Journal of Hospital Infection a concerné les habitudes de 1 270 médecins, infirmières (cadres ou non) et sages-femmes travaillant dans 22 établissements de santé de Haute Normandie. Les réponses de 1 107 professionnels permettent de révéler que seuls 17 % d’entre eux délivrent une information à leurs patients non infectés et que ce taux ne grimpe que jusqu’à 31,6 % face aux patients touchés par une infection nosocomiale. Il apparaît que les craintes liées à l’existence d’une « obligation légale » d’information n’ont finalement que peu d’impact sur la pratique réelle des professionnels de santé. En outre, malgré l’importante couverture médiatique dont ont fait l’objet ces dernières années les cas les plus spectaculaires d’infections nosocomiales, les patients ne manifestent qu’une curiosité limitée face à ces questions. Pour expliquer le fait qu’ils n’évoquent que rarement la question de ces infections avec leurs patients, 60,9 % des professionnels de santé ont en effet indiqué qu’ils n’avaient été confrontés à aucune question sur ce point de la part de leurs malades.
Faut-il prendre le risque d’inquiéter les malades ?
Les autres résultats de cette enquête révèlent combien
l’obligation légale d’informer les patients demeure toujours pour
certains professionnels de santé un obstacle dans la relation de
confiance qui doit s’établir avec le malade. Plus de 42 % des
personnes interrogées ont en effet indiqué qu’ils ne préféraient
pas aborder la question des infections nosocomiales de peur
d’inquiéter leurs patients, tandis que 5,1 % ont évoqué la crainte
de complications légales et de réclamations sur de mauvaises
pratiques. Enfin, malgré les nombreux plans dédiés à la lutte
contre les infections nosocomiales qui se sont fait fort ces
dernières années d’accroître la formation des professionnels dans
ce domaine, 21,1 % des médecins, infirmières et sages-femmes
silencieux expliquent leur mutisme par « un manque de culture
d’information sur les infections nosocomiales dans leur service ou
leur établissement ».
A.H.