Les responsables militaires de l’armée de sa Majesté ont récemment émis quelques inquiétudes quant à la capacité des forces armées à faire face aux opérations majeures simultanées en Iraq et en Afghanistan, sachant que les missions attribuées à l’armée britannique ont été supérieures à celles initialement envisagées lors d’un récent rapport de la défense. D’autre part, un bureau national d’audit a rapporté que le nombre et la fréquence des opérations militaires (OM) étaient d’importantes raisons pour quitter l’armée. Outre-manche, ces mêmes données sont également constatées au sein de l’armée américaine. Mais il faut savoir que les OM, « ingrédient » essentiel de la vie militaire, sont parmi les éléments majeurs d’avancement de carrière et, pour un grand nombre de militaires, la raison de leur incorporation. Ces OM peuvent également être une source de conflit et de tension au sein des familles et être à l’origine de troubles mentaux. La nature de la relation entre le nombre et la durée des OM et leurs conséquences mentales et physiques est cependant loin d’être claire.
R. Rona et coll. ont réalisé une étude de cohorte afin d’évaluer la santé mentale et physique d’un échantillon de 5 547 militaires britanniques tirés au sort et ayant passé au moins 3 mois en Iraq durant les 3 dernières années. Les militaires devaient compléter des questionnaires sur leur état de santé avant, pendant et après les déploiements.
Les auteurs ont montré que les personnes déployées pendant au moins 13 mois durant les 3 dernières années étaient plus susceptibles de remplir les critères de troubles liés au stress post-traumatique (OR = 1,55 ; IC 95% : 1,07 – 2,32), d’avoir le sentiment d’être « malade » d’après le questionnaire de santé général (odds ratio [OR]=1,35 ; intervalle de confiance ç5 % [IC 95 de 1,10 à 1,63) et d’être porteurs de multiples symptômes physiques (O =1,49 ; IC 95 de 1,19 à 1,87). Une association significative a été trouvée entre la durée des OM et des problèmes sévères liés à l’alcool. L’association entre le nombre d’OM dans les 3 dernières années et les troubles mentaux était moins forte que l’association entre durée des opérations militaires et troubles mentaux. Les troubles liés au stress post-traumatique étaient également associés à une discordance entre les durées attendues et les durées réelles des OM.
Les auteurs concluent que l’adhésion claire et formelle à la durée prédéfinie de chaque opération chez les militaires en mission doit avoir des effets bénéfiques sur le plan mental. Le stress et la surtension chez les militaires peuvent causer des problèmes familiaux et entraîner des détériorations psychologiques d’autant plus accentuées que les militaires ont été directement confrontés aux combats.
Dr Khodor Chatila