Le tamoxifène (TMX) a longtemps représenté le traitement standard d’accompagnement des femmes ménopausées porteuses d’un cancer du sein (KS) avec récepteurs œstrogèniques positifs (RO+) ; ce traitement était conseillé pour 5 ans, mais pas au-delà (apparition d’effets indésirables). Or, le risque de récidives après 5 ans est important, même pour les KS de stade précoce et sans ganglions envahis (N-).
Il est donc important de prendre le relai du TMX ; le létrozole
(LTZ) est un inhibiteur de l’aromatase de 3ème génération, plus
efficace que le TMX, au même titre que l’anastrozole ou
l’exémestane, ceci s’expliquant par un effet anti-œstrogène plus
marqué. Il serait utile de pouvoir sélectionner les malades les
plus propres à bénéficier de ce traitement.
Ainsi, il semble que l’anastrozole soit particulièrement
efficace chez les malades ayant des RO+ et des récepteurs à la
progestérone négatifs (RP-), alors que le TMX, comme le LTZ
trouvent une meilleure indication chez les RP+.
L’étude MA.17 a comparé le LTZ au placebo chez 5 187 femmes ménopausées ayant reçu du TMX pendant 5 ans. Les malades porteuses d’une autre tumeur maligne, ou dont l’espérance de vie paraissait < 5 ans, ont été exclues. Le critère de jugement primaire a été la durée de survie sans récidive, que celle-ci soit locale, controlatérale, ganglionnaire ou métastatique, le critère secondaire a été la survie globale.
Le statut des récepteurs hormonaux n’était connu que chez 4 653 femmes, et, parmi elles, 82 % étaient RO+RP+, 14 % RO+RP-, 4 % RO-RP+ ; le taux des RO-RP- était négligeable.
Après ajustement des résultats en fonction d’une chimiothérapie antérieure et du statut ganglionnaire, il est apparu que le LTZ augmentait surtout la survie sans récidive dans le sous groupe important des RO+RP+ (51 % de mieux que le placebo). On a également noté un effet favorable du LTZ chez les malades RO-RP+, avec une amélioration de 44 % de la survie sans récidive par rapport au placebo ; en revanche, les malades RO+RP- n’ont tiré aucun bénéfice du traitement par LTZ. En ce qui concerne la survie globale, l’efficacité du LTZ se confirme chez les malades RO+RP+, mais plus chez les autres ; toutefois le faible nombre de décès dans ces sous-groupes biaise l’analyse statistique.
Quoique leur extrapolation clinique ne puisse être conseillée, ces résultats suggèrent que le létrozole est particulièrement efficace chez les malades ayant des récepteurs hormonaux positifs aux œstrogènes et à la progestérone.
Dr Jean-Fred Warlin