
Quelques premières études épidémiologiques avaient suggéré que les statines pourraient avoir un effet protecteur contre la maladie d'Alzheimer (MA). Malheureusement, les études prospectives et deux essais thérapeutiques entrepris à la suite de ces observations n'ont pas réussi à confirmer l’efficacité de cette classe médicamenteuse dans ce contexte. Ces résultats contradictoires peuvent être expliqués par les difficultés à effectuer un diagnostic de certitude de MA chez les patients vivants. Des auteurs américains relancent le débat en démontrant un effet bénéfique des statines chez des sujets dont le diagnostic de MA a été confirmé en neuropathologie.
Cent dix personnes âgées de moins de 80 ans qui avaient
participé à une étude observationnelle prospective (débutée en
1994, cohorte de 2 581 sujets sains) ont été inclus dans cette
étude. Les auteurs ont comparé les résultats des analyses
neuropathologiques effectuées sur les cerveaux des sujets ayant
reçu ou non des statines.
Après ajustement pour l'âge du décès, le sexe, le statut cognitif à
l'inclusion, le poids du cerveau et la présence de lésions
cérébrales d'origine vasculaire, l'analyse des données montre que
le risque de passage d'un stade à un autre dans l'échelle de Braak
est réduit de 56 % chez les utilisateurs de statines par rapport à
ceux qui n'en n’ont pas consommé.
Par contre, en utilisant les critères CERAD, les résultats ne sont plus significatifs. Le risque d'avoir une MA typique (stade de Braak ≥ IV et score CERAD ≥ modéré) est cependant réduit sous statines (OR : 0,20 ; IC 95 % : 0,05 à 0,86).
Cette étude peut être facilement critiquée en raison de son caractère non exhaustif et non contrôlé, toutefois c'est la seule étude neuropathologique à notre disposition. Mais sera-t-elle suffisante pour relancer des études de prévention? L'enjeu est d'importance et nécessite plus de données avant de s'enthousiasmer pour cette indication potentielle.
Dr Christian Geny