Le « trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité » (équivalent francophone du fameux ADHD, Attention Deficit Hyperactivity Disorder) continue à alimenter régulièrement la littérature psychiatrique internationale. Et donc les controverses récurrentes, car certains contestent la réalité de l’hyperactivité ou du moins la tendance insidieuse à banaliser ce diagnostic, dans une société préférant implicitement des sujets normalisés, fermée à la diversité des personnalités et ne tolérant plus des caractéristiques quasi intrinsèques de l’enfance : turbulence, distraction, insouciance...
Information importante donnée par cet éditorial de l’American Journal of Psychiatry : « Bien que le concept d’ADHD relève initialement du champ de la pédopsychiatrie, on estime désormais que les 2/3 des enfants concernés présentent encore, à l’âge adulte, des troubles en rapport avec ce syndrome ». Il s’agirait donc (si elle existe réellement…) d’une pathologie s’enracinant dans l’enfance pour s’installer plus ou moins dans la chronicité. Mais elle est souvent méconnue (underdiagnosed) et trop négligée (undertreated), une étude montrant que seulement 11 % des adultes avec ADHD avaient été traités pour ces troubles dans l’année précédente.
L’ADHD de l’adulte est souvent associée à une co-morbidité marquée : troubles thymiques, anxieux, addictions aux psychotropes… Autre constat, dans une étude de Biederman et al. : comparativement aux adultes sans ADHD, ceux présentant ce syndrome connaissent des parcours socioprofessionnels plus chaotiques : échecs scolaires, divorces, séparations, chômage, démêlés judiciaires plus fréquents. Enfin, la composante familiale (génétique ou/et culturelle ?) semble très importante dans l’ADHD et concernerait environ 3 cas sur 4, avec une corrélation statistique entre la fréquence de l’ADHD chez des garçons et celle observée chez leurs proches. Mais les travaux évoqués suggèrent des déterminismes distincts pour l’addiction aux médicaments (partageant la même sensibilité au contexte familial que l’ADHD) et la dépendance à l’alcool (sans rapport apparent).
Dr Alain Cohen