Les tics prêtent le plus souvent à sourire et pourtant, dans certains cas, la gêne occasionnée peut être majeure et entraîner un véritable handicap social. Il en est ainsi pour les patients souffrant de la maladie de Gilles de la Tourette. Ceux-ci présentent des tics moteurs complexes et spectaculaires associés à des tics vocaux simples (grognements) ou plus élaborés (injures..). L’association de troubles de la personnalité, de TOC, de syndrome d’hyperactivité et la bizarrerie de certains tics avaient fait pendant longtemps considérer cette affection comme une pathologie psychiatrique. La physiopathologie reste encore incertaine mais fait intervenir un dysfonctionnement du circuit des ganglions de la base. L’efficacité des traitements médicamenteux est encore l’objet de débats. Les difficultés méthodologiques d’évaluation des traitements liées à la variabilité des symptômes expliquent que l’on manque de preuves quant à l’intérêt des neuroleptiques ou des agonistes α2noradrénergiques. Depuis plusieurs années, certaines équipes ont rapporté l’efficacité de la stimulation intracérébrale chez quelques malades. Différentes cibles ont été testées : nucléus accumbens, globus pallidum interne, bras antérieur capsule interne, complexe parafasciculaire et noyau centromédian du thalamus (CM-pfc).
Une équipe italienne a pu constater l’efficacité de la
stimulation bilatérale dans le CM-pfc et le noyau voa du thalamus.
Dix-huit patients, âgés en moyenne de 28 ans, réfractaires au
traitement médical ont bénéficié de cette chirurgie et les
résultats du suivi, d’une durée variant de 3 à 18 mois, sont
rapportés dans cet article publié dans Journal of Neurology
Neurosurgery and Psychiatry. Dix patients sur 18 ont été opérés
sous anesthésie générale. Deux ont eu des complications
postopératoires régressives. Tous les malades ont répondu au
traitement à des degrés divers mais seuls trois ont pu
arrêter le traitement médicamenteux. Les symptômes
psychiatriques associés se sont améliorés. Les auteurs précisent
qu’il a été nécessaire de modifier les paramètres électriques de
stimulation.
Ces résultats incitent à envisager ce type de chirurgie dans cette
pathologie mais il convient d’attendre des études de grande qualité
avant de recommander cette approche psychochirurgicale.
Dr Christian Geny