La stéatose hépatique non alcoolique est une affection qui
semble de plus en plus fréquente, encore que sa prévalence ne soit
pas exactement connue, dans la mesure où elle varie entre 10 % et
25 %, en fonction des données publiées. Elle se caractérise, d’un
point de vue biologique, par une élévation significative des
enzymes hépatiques, notamment alanine aminotransferase (ALT),
aspartate aminotransferase (AST) et fréquemment
glutamyl-transpeptidase (GGT). Sur le plan échographique, le
parenchyme hépatique est hyperéchogène, du fait d’une accumulation
de graisse hépatique, alors qu’il n’existe aucune autre cause de
maladie hépatique. C’est la biopsie qui permet le diagnostic
positif de cette affection, volontiers associée à certains
facteurs, tels le sexe, l’âge, les dyslipidémies, le diabète de
type 2 et l’insulinorésistance. Il semble cependant que le facteur
de risque le plus important soit d’ordre anthropométrique, en
l’occurrence l’obésité notamment centrale.
Une étude de cohorte transversale réalisée en Grèce a inclus 3 063
donneurs de sang. Une élévation anormale des enzymes hépatiques a
été mise en évidence dans 17,6 % des cas (alanine aminotransferase
: 14,5 %, aspartate aminotransferase : 4,6 %,
gamma-glutamyl-transpeptidase : 4,7 %). Ce désordre biologique a
été plus fréquemment rencontré chez les sujets de sexe masculin, a
fortiori en cas d'augmentation du poids corporel, de l'index de
masse corporelle (IMC), du tour de taille et de hanches, ou encore
de la circonférence du cou (p<0,001 pour chacune de ces
variables, versus les sujets dont les enzymes hépatiques étaient
normales). La prévalence des anomalies enzymatiques a été également
associée à l’obésité abdominale (p<0,001) ou encore à la
consommation d’alcool (p=0,001).
En analyse multivariée, l’élévation des enzymes hépatiques a été
associée, indépendamment des autres variables, au sexe masculin, à
l’élévation de l’IMC et du tour de taille.
Chez plus de 15 % des donneurs de sang grecs, il existe une
augmentation significative des taux d’enzymes hépatiques qui semble
résulter d’une stéatose hépatique non alcoolique. L’obésité
centrale semble bien être significativement associée à cette
affection hépatique souvent méconnue.
Dr Henri Barrat