Les maladies oculaires allergiques (MOA) se caractérisent en partie par leur grande variété clinique. De ce fait, les critères du diagnostic doivent essentiellement rester cliniques, certes dans le cadre des études contrôlées pour accéder à une certaine objectivité, mais aussi dans d’autres contextes, afin de préciser l’étiologie de la MOA.
Paradoxalement, il n’existe aucun critère validé dans le cadre
d’un consensus international, ce qui complique la tâche sur tous
les plans : diagnostic positif, diagnostic étiologique, mais aussi,
pronostic au travers de la sévérité de l’affection qui entre
également en ligne de compte.
Une étude de cohorte prospective s’est fixé pour objectif de
définir les critères qui font actuellement défaut dans ce domaine,
en les intégrant dans un score clinique. Elle a inclus 1 079
patients (dont 439 de sexe masculin) atteints d’une MOA.
Plusieurs entités cliniques ont été distinguées et confrontées au score clinique précédemment évoquées : conjonctivite allergique (CA), kératoconjonctivite atopique (KCA), kératoconjonctive printanière (KCP). Ces pathologies ont été diagnostiquées et classées en fonction des données cliniques locales et systémiques.
Le score en question, pour sa part, s’est appuyé sur dix signes oculaires objectifs concernant la conjonctive, le limbe et la cornée, lesquels ont été cotés individuellement sur une échelle graduée de 0 à 4. Le score total, dont la valeur maximale est de 30, a été utilisée au sein de la cohorte précédente, avec des résultats tout à fait encourageants.
La prévalence de la CA a été estimée à 81,2 %, versus respectivement 10,6 % , 4,4 % et 3,8 % pour la conjonctivite oculaire pérenne, la KCA et la KCP. L’âge moyen des patients atteints de ces maladies était respectivement de 52,9, 56,1, 25,7 et 16,6 ans. Les scores cliniques calculés ont été, respectivement, de 1,54, 2,13, 3,72 et 12,68 dans les quatre catégories définies.
L’âge moyen et le score clinique global ont permis un diagnostic, même en cas de deux MOA combinées, quelles qu’elles soient. Ces résultats suggèrent que les MOA peuvent être correctement classées à l’aide de ce score semi-quantitatif nouveau, avec apparemment une sensibilité élevée. La réévaluation de la maladie oculaire peut également reposer sur cette méthode, afin d’affiner les stratégies thérapeutiques. Une validation par d’autres études prospective serait néanmoins la bienvenue.
Dr Philippe Tellier