Le tamoxifène (TMX) est utilisé comme traitement de référence depuis plus de 15 ans dans les cancers du sein (KS) évolués avec progression locale ou métastatique, mais il a des effets indésirables (anomalies endométriales, augmentation du risque thromboembolique, troubles visuels, bouffées de chaleur). L’arzoxifène (AZX) est un anti-œstrogène puissant actif sur les tumeurs ayant des récepteurs hormonaux (RH) positifs aux œstrogènes ; de plus il ne stimule pas l’activité de l’endomètre (chez la rate castrée) ; son activité a été démontrée sur le KS en essai de phase II (20 mg/j). Les auteurs ont cherché à comparer l’efficacité des 2 molécules (phase III).
Pour cela, ils ont étudié en double aveugle deux groupes de femmes ayant des RH œstrogèniques et/ou progestéroniques positifs, n’ayant pas reçu de traitement hormonal préalable, ou ayant récidivé plus d’un an après son interruption. Le groupe GT a reçu 20 mg de TMX et le GA 20 mg d’AZX par jour, et le critère de jugement principal retenu a été la survie sans progression du KS.
Les caractéristiques de la tumeur et les traitements antérieurs étaient comparables dans les deux groupes. Lors de l’analyse intermédiaire (200 cas), on a noté une moindre réponse dans le GA, suffisante pour qu’un corps indépendant de praticiens recommande l’interruption de l’essai, au motif de l’infériorité attestée de l’AZX par rapport au TMX. Toutefois, au moment de cette décision, 138 malades supplémentaires avaient été incluses dans l’étude et on a aujourd’hui les résultats sur les 338 patientes (173 GA et 165 GT).
L’avantage reste au TMX (en un an, il n’y a eu que 12
aggravations vs 21 avec l’AMX), avec aussi un mieux en ce qui
concerne la survie sans progression du KS, mais la survie globale
est identique dans les deux groupes.
Les 14 décès qui sont survenus au cours de l’essai ont pu être
rapportés à l’évolution de la maladie dans 9 cas, mais aucun n’a pu
être imputé au traitement. Quant aux effets secondaires (nausées,
vomissements, bouffées de chaleur, troubles des règles, accidents
thromboemboliques), ils ont été équitablement répartis entre les
deux groupes.
Parmi les patientes se plaignant de métrorragies, on a mis en
évidence dans le GA un cancer de vessie et un polype endocervical,
dans le GT deux hyperplasies de l’endomètre et une tumeur
ovarienne.
Au total, le tamoxifène assure mieux que l’arzoxifène la survie
sans progression de la maladie dans les cancers évolués du sein.
Dr Jean-Fred Warlin