La dermatite atopique dont le nom vient du grec a, préfixe privatif, et topos qui désigne l’endroit, est donc une dermatose inclassable car « à côté » des autres dermatoses. La situation se complique encore si l’on admet que l’ensemble des patients qui présentent les caractéristiques cliniques typiques de cet eczéma constituent un groupe hétérogène au sein duquel on retrouve d’authentiques atopiques et d’autres qui souffrent certes d’une « dermatite atopique » clinique mais n’en ont pas les stigmates génétiques et immunologiques associés ce qui revient à les considérer comme présentant une « dermatite atopiforme » !
Une équipe d’Amsterdam (Pays-Bas) a comparé une série contrôle de 122 patients présentant une dermatite atopique à un groupe de 34 autres, atteints de dermatite atopiforme. La dermatite atopiforme est caractérisée par une prédominance féminine, l’absence de maladies habituellement associées à l’atopie, un début plus tardif et une moindre sévérité. On note par ailleurs que les épisodes de conjonctive récurrents, les plis palmaires linéaires, la kératose pilaire, les eczématides achromiantes et l’ eczéma des extrémités sont moins souvent observés au cours de la dermatite atopiforme. En revanche le signe de Dennie-Morgan (double pli sous-palpébral) existe également dans la dermatite atopiforme.
La conclusion de cette étude est que, si l’on admet que la dermatite atopique est essentiellement définie par la sensibilisation aux principaux aéro-allergènes, aux allergènes alimentaires et par la présence d’IgE spécifiques à ces différents allergènes, il existe bien un groupe de patients porteurs de dermatite atopiforme pour lesquels les différents conseils d’éviction habituellement proposés en cas de dermatite atopique « authentique » sont probablement inutiles.
Dr Patrice Plantin