
La surveillance habituelle des patients atteints de cirrhose impose de rechercher des varices œsophagiennes (VO) afin de mettre en place un traitement préventif de l’hémorragie par rupture de ces varices (RVO).
Cette équipe de la Mayo Clinic (Rochester, Minnesota) a évalué le rapport coût-efficacité et la préférence des patients pour une stratégie basant le dépistage initial des VO sur la réalisation d’un scanner abdominal.
L’étude a porté sur 102 patients qui ont bénéficié d’un
dépistage de VO par scanner et endoscopie. La lecture des scanners
était réalisée de manière indépendante par deux radiologistes, et
la gastroscopie était considérée comme l’examen de référence.
L’évaluation statistique formelle de l’agrément entre les
radiologistes et entre les endoscopistes concernant la
classification de la taille des varices a montré que l’agrément
entre les radiologistes, sur la taille des varices, était bon et,
de façon surprenante, meilleur que celui entre les
endoscopistes.
Le scanner a eu une sensibilité proche de 100 % pour
l’identification de varices œsophagiennes considérées comme de
grande taille à l’endoscopie, mais la spécificité n’était que de 50
% environ. La sensibilité pour le dépistage des varices
cardio-tubérositaires était de 87 % et de plus une proportion non
négligeable de varices gastriques, péri-œsophagiennes et de
pathologies extra-luminales, non dépistables en endoscopie, ont été
mises en évidence par le scanner.
L’évaluation de la préférence des patients par questionnaire a montré que ceux-ci plébiscitaient largement le scanner par rapport à l’endoscopie.
Enfin, au terme de l’analyse coût-efficacité, le dépistage des VO par scanner a été considéré comme ayant un rapport coût-efficacité meilleur que celui du dépistage endoscopique, quelle que soit la prévalence des VO de grande taille.
Cette étude suggère donc que le scanner abdominal pourrait être
utilisé dans le dépistage des VO chez les patients cirrhotiques,
avec un bon rapport coût-efficacité et une meilleure acceptabilité.
Il permet d’autre part le dépistage de lésions
extra-œsophagiennes.
Ces résultats méritent certainement d’être validés à plus large
échelle, la question se posant aussi de la disponibilité des
machines si cette approche du dépistage des VO par scanner était
amenée à se généraliser.
Pr Marc Bardou