La tuberculose (TB) infantile est typiquement la conséquence d’une contamination par un adulte bacillifère, vivant dans l’entourage de l’enfant. Si, partant d’elle, on remonte la chaîne de transmission du complexe Mycobacterium tuberculosis, on peut mettre au jour les principales failles du dispositif de lutte contre la TB. C’est la méthode adoptée par MN Lobato et coll, dans l’étude transversale qu’ils ont menée aux USA.
Quatre sites ont fourni des données sur 421 enfants âgés de moins de 5 ans, atteints de TB-maladie (n=123) ou de TB-infection latente (n=298), ainsi que sur 72 adultes source, dont 46 vivaient au domicile des enfants. L’un des sites se singularisait par des TB-maladies à M. bovis (11/34), dues à l’ingestion de lait de vache non pasteurisé.
Il n’y avait pas eu de dépistage dans le principal groupe à
risque, celui des immigrants. Seuls sept enfants sur les 137 nés à
l’étranger (soit 32,5 %), avaient subi des tests tuberculiniques
avant d’entrer aux USA.
Le plus souvent, la TB-infection latente de l’enfant avait été
découverte à l’occasion de tests tuberculiniques avant
scolarisation, et la TB-maladie devant des symptômes ou au cours
d’une « enquête autour d’un cas ».
La recherche des personnes source n’était pas systématique. Elle
manquait dans 15 % des cas de TB-maladie et 28 % des cas de
TB-infection latente de l’enfant ! En revanche, elle avait
découvert deux fois le contaminateur.
La TB des contaminateurs connus était mal contrôlée. Quand elle
avait été diagnostiquée au stade d’infection latente, elle avait
été 3 fois mal traitée, et 19 fois pas traitée du tout. Elle était
bacillifère dans 84 % des cas (51/61), mais 17,5 % des patients
(11/63) ne prenaient pas leur traitement, et 20,7 % (13/63)
n’avaient pas reçu quatre antituberculeux en traitement
d’attaque.
L’enquête faite autour des adultes source, pour identifier les
personnes contact, s’avérait plusieurs fois incomplète, du fait
d’obstacles linguistiques ou autres, et aussi de négligences (pas
de visite à domicile 3 fois, pas d’enquête du tout 1fois).
Enfin, le traitement des TB-infections latentes restait inachevé
chez près d’un enfant sur deux (46,3 %, versus 11,4 % pour les
TB-maladies).
La lutte contre la TB repose sur le dépistage et le traitement des TB-maladies, et sur le traitement des TB-infections latentes, au minimum chez l’enfant. Or, ces mesures sont insuffisamment appliquées. L’article de MN Lobato et coll. indique les points faibles, à corriger : le dépistage des groupes à risque (à l’entrée, pour les immigrants), l’observance du traitement des TB- maladies de l’adulte (cf le certificat d’issue de traitement instauré en France, en plus de la déclaration obligatoire), la recherche des sujets contact, et le traitement des TB-infections latentes de l’enfant.
Dr Jean-Marc Retbi