Le groupe d’Étude du Cancer et de la Leucémie (CALGB) a initié en 1998 une étude de Phase III pour comparer les résultats de l’administration hebdomadaire ou toutes les 3 semaines du paclitaxel dans le cancer du sein métastasé. Le protocole initial a été modifié en 2000, les femmes dont les tumeurs exprimaient fortement HER-2 (Human epidermal growth factor receptor 2) recevant alors également du trastuzumab. L’étude devait ainsi désormais répondre à la double question de savoir quel était le meilleur rythme d’administration du taxane et si l’addition de trastuzumab améliorait les résultats.
Au total, 735 femmes, vierges de chimiothérapie antérieure, sont entrées dans l’étude. Elles ont été randomisées pour recevoir du paclitaxel hebdomadaire (80 mg/m²) ou toutes les trois semaines (175 mg/m²). Hormis les 171 premières malades incluses, dont le statut HER-2 n’avait pas été exploré, les patientes ont été réparties en deux groupes selon le statut HER-2. Le trastuzumab a été administré à toutes les femmes avec HER-2 +, tandis que les patientes n’exprimant pas HER-2 ont été randomisées pour recevoir ou non du trastuzumab. Ce dernier était administré à la dose de 4 mg/kg pendant les 90 premières mn, puis de 2 mg/kg pendant les 30 mn suivantes. Finalement 158 participantes ont reçu du paclitaxel seul et 577 du paclitaxel associé au trastuzumab.
Le taux de réponses a été nettement meilleur (42 %) en cas
d’administration hebdomadaire de paclitaxel plutôt que toutes les 3
semaines (29 %) avec un délai moyen avant progression tumorale
significativement prolongé (9 vs 4 mois).
Chez les femmes HER-2 négatif, l’association du trastuzumab n’a
rien apporté notamment en terme de délai avant progression.
En analyse multivariée, après ajustement des données en fonction
du statut HER-2, des récepteurs hormonaux, et de l’association ou
non de trastuzumab, la supériorité du traitement hebdomadaire
persistait, mais au prix d’une neurotoxicité plus fréquente.
En conclusion, le meilleur protocole d’administration du paclitaxel
est de 175 mg/m² toutes les semaines.
Quant au trastuzumab, s’il reste indiqué en cas de surexpression
tumorale de HER-2, il n’a pas d’effet en son absence et doit être
réservé, en association avec le paclitaxel, aux malades qui n’ont
pas reçu de chimiothérapie auparavant.
Dr Jean-Fred Warlin