
Les patients présentant des facteurs de risque cardiovasculaire sont souvent également à risque de développer une stéatose hépatique non alcoolique (SHNA).
Jusqu’à présent la relation entre une consommation modérée d’alcool et la SHNA n’a pas été étudiée et les recommandations sur la consommation de vin pour les sujets à risque pour les deux maladies restent imprécises.
Le but de cette équipe de San Diego, Californie, était d’évaluer
l’effet d’une consommation modérée de vin sur la SHNA.
Cette étude a inclus des sujets participant à la troisième étude
nationale sur la santé et la nutrition qui rapportaient soit une
absence de consommation d’alcool soit une consommation
préférentielle de vin à hauteur de 10 g d’alcool par jour (un
verre).
La suspicion de SHNA était basée sur une élévation inexpliquée
des ALAT au dessus de la limite supérieure de la normale du
laboratoire de référence (43UI) ou au dessus de la valeur seuil
correspondant au 95ème percentile des sujets sains (ALAT > 30
pour les hommes et > 19 pour les femmes).
L’analyse multivariée a été réalisée en ajustant sur l’âge, le
sexe, la race, l’environnement, le revenu, le niveau d’éducation,
la consommation de caféine et l’activité physique.
Elle a concerné au total 7 211 sujets ne consommant pas d’alcool et
945 sujets ayant une consommation de vin modérée.
Sur la base de la limite supérieure du laboratoire de référence
pour les ALAT, une SHNA a été diagnostiquée chez 3,2 % des sujets
sobres et 0,4 % des consommateurs de vin modérés. Le ratio de
probabilité ajusté était de 0,15 (IC95 % : 0,005-0,49).
En utilisant, pour les ALAT, la valeur seuil définie à partir des
sujets sains, une suspicion de SHNA était retrouvée chez 14,3 % des
sujets abstinents et 8,6 % des consommateurs de vin modérés (OR
ajusté 0,51; IC95 % 0,33-0,79).
L’effet était maintenu après ajustement sur l’indice de masse
corporelle.
Cette étude suggère donc qu’une consommation de vin modérée est
associée à une réduction de la prévalence suspectée de stéatose
hépatique non alcoolique.
Elle supporte l’intérêt et la sécurité d’une consommation d’un
verre de vin par jour, pour la protection cardiaque, chez les
patients à risque de pathologie coronarienne et de SHNA.
Il faut noter que cet effet n’était pas observé avec des consommations modestes d’autres alcools comme la bière ou les liqueurs.
Pr Marc Bardou