Afin d’évaluer la pertinence des critères diagnostiques proposés dans la stéatose aiguë gravidique (SAG)* et de documenter avec précision l’incidence, la prise en charge et le devenir de cette maladie, une équipe Anglaise a identifié au sein de la population les femmes atteintes de (SAG), à partir du système de surveillance obstétrical du Royaume Uni (RU) qui recueille les données de l’ensemble des 229 maternités du RU.
La cohorte ainsi constituée a regroupé 57 femmes diagnostiquées
au RU avec une SAG entre février 2005 et août 2006 sur un ensemble
de 1 132 964 grossesses. L’incidence de la SAG a été estimée à 5,0
cas pour 100 000 grossesses (IC95 % 3,8 à 6,5 pour 100 000).
Cinquante-cinq cas (90 %) ont été confirmés par les critères
diagnostiques classiques et l’évaluation clinique et deux (3 %) par
la seule évaluation clinique, représentant une concordance de 97 %
(score kappa = 0,78).
Une grossesse gémellaire a été retrouvée dans 18 % des cas et 20 % des patientes avaient un sous poids défini par les auteurs comme un indice de masse corporelle (IMC) < 20 (alors que la limite classiquement admise est de 18,5).
La majorité des femmes (60 %) on été hospitalisées dans un
service de soins intensifs et 15 % dans un service d’hépatologie.
Une seule femme a été transplantée et une est décédée (taux de
fatalité des cas 1,8 % ; IC95 % 0 % à 9,4 %).
Il y a eu 7 décès parmi les 67 enfants, soit une mortalité
périnatale de 104 pour 1000 naissances (IC95% 43 à 203).
Pour les auteurs, il s’agit là de la plus grande cohorte de
stéatoses aiguës gravidiques. L’incidence de SAG retrouvée y est
inférieure à ce qui était décrit par les études antérieures basées
sur l’expérience individuelle de centres hospitaliers. De plus le
devenir clinique, tant pour la mère que pour l’enfant est apparu
meilleur que ce qui était rapporté jusque là, peut-être en raison
d’une amélioration des performances diagnostiques.
Les femmes ayant une grossesse gémellaire semblent être plus à
risque et des études complémentaires sont nécessaires pour évaluer
le risque lié à un indice de masse corporelle faible.
Pr Marc Bardou