Paris, le mercredi 27 août 2008 – Quelques semaines avant l’édition 2008 de la journée mondiale sans tabac, l’Institut national du cancer (INCA) publiait les conclusions d’une étude menée par Karine Gallopel-Morvan. Cette chercheuse en marketing social à l’université de Rennes, avait évalué l’efficacité des différents messages dissuasifs présents sur les paquets de cigarette. L’analyse avait tout d’abord relevé que les avertissements écrits qui figurent depuis plusieurs années sur les paquets de tabac voyaient aujourd’hui leur impact diminuer. La nécessité de développer de nouvelles stratégies afin d’interpeller les fumeurs apparaissait donc au grand jour. Dans cette perspective, Karine Gallopel-Morvan confirmait, à partir d’une enquête menée auprès de certains de nos concitoyens, l’efficacité de l’apposition de photos chocs sur les paquets de cigarette. Aussi invitait-elle le gouvernement à adopter une telle mesure.
Pourtant, face à ces méthodes sans détour, la France demeure réticente. Le 31 mai, le ministre de la Santé, Roselyne Bachelot a ainsi préféré renvoyer à la fin de l’année sa décision concernant l’ornement des paquets de cigarettes de photos présentant une gorge rongée par un cancer, un enfant sous masque à oxygène ou encore la comparaison entre des poumons sains et les poumons d’un fumeur.
Les photos chocs plébiscitées
Le choix du ministre sera peut-être influencé par les résultats du sondage mené ces dernières semaines sur notre site et qui montre qu’en la matière les professionnels de santé n’hésiteraient pas à user de la manière forte. Une majorité de nos lecteurs (66 %) s’est en effet déclarée favorable à l’apposition de photos chocs sur les paquets de cigarette, tandis que seuls 31 % des professionnels de santé ayant répondu au sondage ne verraient guère cette mesure d’un très bon œil. S’interrogeant peut-être encore sur la réelle efficacité d’un tel dispositif ou ne parvenant pas à définir dans quelle mesure un enjeu de santé publique doit justifier ce genre de provocation, 3 % des répondants ont estimé qu’ils ne pouvaient se prononcer. Les conclusions de notre enquête confirment que face à la lutte contre le tabagisme, les professionnels de santé se montrent aujourd’hui plus interventionnistes encore que les pouvoirs publics eux-mêmes.
A.H.