
Il a été récemment retrouvé au cours d’une large étude randomisée une relation inverse entre les taux de LDL cholestérol sous statines et le risque d’apparition d’un cancer. Cela n’avait rien de surprenant car l’augmentation du risque de cancer en cas de taux de cholestérol bas avait été déjà souligné, mais cela a conduit les auteurs de la première étude à rechercher au cours d’une méta-analyse incluant 15 publications qui, de la statine, du LDL bas ou de l’association des deux pouvait être responsable de cancer.
Les effectifs cumulés qui ont pu être étudiés représentaient 437 017 patients/années (19 bras statines, 14 bras contrôles). Le nombre de nouveaux cancers s’est élevé à 5 752. Dans le bras statines, il a été retrouvé une relation entre baisse du LDLc et taux de nouveaux cancers (2,2 cancers supplémentaires pour 1000 patients traités à chaque baisse de 10 mg/dl, intervalle de confiance [0,7 ; 3,6], p=0,006). Dans le bras contrôle, l’augmentation, non significative, a été de 1,2 (IC [-0,2 ; 2,7], p=0,09). Le traitement par statines a déplacé vers la gauche la courbe de relation LDL-cancer, montrant que pour un même taux de LDL, l’incidence des cancers était inférieure sous statines (p<0,05). Après ajustement pour le taux de LDLc, il n’a plus été retrouvé de différence significative entre les deux groupes de traitement.
Cette méta-analyse est très rassurante car si elle démontre une nouvelle fois qu’un taux de LDL bas majore le risque de survenue d’un nouveau cancer, elle fait aussi apparaître que faire baisser le LDL à l’aide d’une statine n’augmente pas ce risque.
Cela suffira-t-il pourtant à calmer toutes les inquiétudes ? Oui si l’on en croit Daniel Steinberg qui considère la question comme réglée. Non pour Ori Ben-Yehuda et Anthony N DeMaria qui, s’ils sont d’accords pour considérer que cette meta-analyse fait avancer la question en un sens rassurant, rappellent que la publication de l’essai SEAS analysant l’effet d’un traitement combiné par ézétimide et statines sur la progression de la sténose aortique est récemment venue semer le trouble en retrouvant un excès significatif de cancer dans le bras traitement (102 contre 67 sous placebo). L’analyse des données de deux autres études avec l’association ézétimibe-statine semble néanmoins contredire ce résultat.
Il semble donc que d’autres études randomisées soient nécessaires afin d’y voir parfaitement clair dans les relations entre LDL bas, traitement hypocholestérolémiant et cancer.
Dr Benoît Tyl