Dans une récente publication, l’Hemangioma Investigator Group (réunissant sept centres de dermatologie américains et un centre espagnol) apporte des précisions sur la croissance des hémangiomes du nourrisson (HN), précisions qui ont des implications pour la prise en charge de ces tumeurs bénignes.
Sa cohorte comprend actuellement plus de mille sujets, mais,
pour apprécier la croissance des HN, n’ont été retenus que les
patients vus au moins à deux reprises, la première fois avant l’âge
de 18 mois, soit 433 nourrissons porteurs de 526 hémangiomes.
A chaque consultation, les HN étaient caractérisés par 1) leur
étendue : plus grand diamètre x diamètre perpendiculaire, 2) leur
stade lésionnel : naissant/ prolifératif/ en plateau/ involutif, 3)
leur siège dans la peau : superficiel (HN tubéreux)/ profond/
mixte, et 4) leur topographie : localisée/ segmentaire (par
ex., sur la face)/ ou indéterminée.
Les résultats de l’étude valident deux notions importantes
:
- la plupart des HN ont achevé leur croissance à l’âge de 5 mois.
Globalement, ils avaient atteint 80 % de leur étendue maximum (en
cm²) à 3,2 ± 1,7 mois. Fait qui interpelle, le groupe des HN
traités ne différait pas significativement de celui des HN non
traités.
- les HN délimitent très tôt leur territoire, comme si celui-ci
était déterminé ; ensuite, leur croissance semble être « plus
volumétrique que radiale ». D’où l’inefficacité des corticoïdes
locaux et du laser à colorant pulsé sur les HN étendus ou
profonds.
Deux sous-types de HN se singularisent. Les HN profonds (HN sous-cutanés) apparaissent plus tard et grossissent plus longtemps que les HN superficiels, le décalage étant d’environ 1 mois. Les HN segmentaires semblent continuer à grossir après 6 mois, mais ce point reste à confirmer.
De façon paradoxale, les HN ont été vus relativement tard par les dermatologues : la première consultation, à l’initiative du pédiatre dans 76 % des cas, avait lieu à l’âge moyen de 5 mois, c’est-à-dire à la fin de leur croissance. Or les traitements usuels agissent plus en bloquant la prolifération des lésions qu’en provoquant leur involution. De plus, certains HN étaient déjà ulcérés ou associés à des déformations cutanées.
Cela ne veut pas dire qu’il faut confier tous les HN au
dermatologue, dès leur apparition.
En règle générale, les HN apparaissent le premier mois de vie et
ils grossissent au cours des semaines suivantes. La connaissance de
cette chronologie implique une surveillance initiale rapprochée
afin d’apprécier leur vitesse de croissance et de décider en temps
opportun de demander un avis spécialisé pour ceux qui sont
inquiétants. Une extension rapide est un élément inquiétant, mais
il y en a d’autres, tels qu’un emplacement dangereux
(périorbitaire, etc), une topographie segmentaire ou une composante
profonde.
Dr Jean-Marc Retbi