Le cancer colorectal (CCR) est la seconde cause de décès par cancer en Europe et en Amérique du Nord. La réalisation en urgence d’explorations diagnostiques est dictée par la présence de signes d’alarme mais leur utilité de ces derniers pour poser le diagnostic de CCR est incertaine.
Cette équipe Canadienne a réalisé une méta-analyse de la
littérature pour évaluer la pertinence pour le diagnostic de CCR de
la présence de signes d’alarme.
Pour ce faire les auteurs ont recherché les études en soins
primaire ou secondaire réalisées sur des cohortes non sélectionnées
de patients ayant des symptômes digestifs bas, et publiées jusqu’au
mois d’octobre 2007.
Le critère de jugement principal était la pertinence diagnostique des symptômes d’alarme ou de modèles statistiques pour prédire la présence d’un CCR après la réalisation d’investigations.
Les résultats des études ont été poolés pour le calcul de
sensibilité et spécificité en tenant compte de la qualité des
études incluses.
Sur les 11 169 études identifiées, 205 ont été évaluées parmi
lesquelles 15 étaient éligibles pour l’inclusion.
Ces 15 études comprenaient 19 443 patients, avec une prévalence groupée du CCR de 6 % (IC95 %, 5 % à 8 %).
La sensibilité globale des signes d’alarmes du CCR s’est révélé mauvaise, 5 % à 64 %, mais la spécificité était > à 95 % pour la présence de sang rouge foncé dans les selles et d’une masse abdominale, suggérant que la coexistence de ces deux symptômes conduit au diagnostic de CCR.
Les modèles statistiques évalués avaient une sensibilité de 90 % mais une mauvaise spécificité.
Cette analyse montre que la plupart des symptômes d’alarme ont une mauvaise sensibilité et spécificité pour le diagnostic de CCR, alors que les modèles statistiques pourraient être plus performants en termes de sensibilité.
Les auteurs de ce travail suggèrent que les études ultérieures se concentrent sur l’utilité de la présence de sang rouge foncé dans les selles et d’une masse abdominale pour guider le diagnostic de CCR, ainsi que sur la possibilité de maximiser les performances des modèles statistiques, principalement pour améliorer la spécificité.
Mais on peut s’interroger sur cette conclusion qui conduirait à guider une politique de dépistage sur des signes cliniques très tardifs.
Pr Marc Bardou