Une étude parue dans Lancet Neurology en 2007 rapportait une prévalence accrue de syndrome de Gougerot Sjögren et de connectivites chez les malades souffrant d’une sclérose en plaques (SEP). Par ailleurs, d’autres travaux ont signalé l’association possible entre SEP et sclérodermie systémique sans que l’on puisse préciser le mécanisme sous jacent : simple coïncidence, prédisposition génétique au développement de maladies auto-immunes ou encore pathologie induite par l’interféron bêta, utilisé pour le traitement de la SEP et qui semble lui-même pouvoir « contribuer » à l’apparition de maladies auto immunes telles que dysthyroïdie ou syndrome de Raynaud.
Une équipe suisse tente de répondre à ces questions et expose 3 cas cliniques de malades souffrant d’une SEP et ayant développé des lésions cutanées sclérodermiformes sous interféron bêta. Une revue de la littérature leur a également permis d’identifier 9 cas de SEP associée à une sclérodermie systémique.
Parmi ces 12 malades, 8 avaient des lésions cutanées sclérodermiformes, 3 une sclérodermie systémique et 1 un syndrome des anti-synthétases. Aucun cas de sclérodermie localisée de type Morphée n’a été constaté.
La moyenne d’âge à l’installation de la SEP était de 25,2 ans et de 38,3 ans pour la sclérodermie systémique
Chez 11 malades sur les 12, l’apparition de la SEP avait précédé celle des manifestations cutanées. Cinq malades seulement avaient reçu un traitement par interféron bêta, débuté en moyenne 4,6 ans avant l’apparition des lésions de sclérodermie. Il n’y avait pas de relation entre l’apparition de la sclérodermie et l’activité ou la gravité de la sclérose en plaques.
Des lésions cutanées sclérodermiques peuvent donc survenir dans l’évolution d’une SEP. Leur apparition à un âge relativement jeune par rapport aux constatations faites dans de larges études de cohortes (cohorte EUSTAR) fait suggérer aux auteurs de l’article une prédisposition génétique et/ou un effet secondaire de l’interféron bêta.
Dr Juliette Lasoudris Laloux