
Les difficultés des plans de prévention viennent souvent du côté
où l’on ne les attend pas. Il pourrait en être ainsi des plans de
prévention pour la pandémie grippale H1N1. En effet, en cas
de pandémie, les personnes les plus exposées seront les
professionnels de santé et dans cette éventualité, on pourrait les
croire favorables à la vaccination.
Or, une étude effectuée à Hong Kong, montre que seulement 47,9 %
des personnels de santé seraient volontaires pour une vaccination
contre la grippe H1N1 alors que l’enquête a été réalisée en mai
2009, à un moment où l’OMS avait déjà déclaré la phase 5 d’alerte
et annonçait, le 21 mai, que 41 pays étaient touchés, totalisant 11
034 cas dont 85 décès. De plus elle a concerné une ville où, il n’y
a pas si longtemps, l’épidémie de SRAS avait un impact
considérable sur le plan sanitaire aussi bien qu’économique.
Pourtant les professionnels de santé qui ont « vécu » cette
épidémie expriment moins souvent l’intention de se faire vacciner
que les plus jeunes qui travaillent depuis moins de 5 ans !
Ce constat a de quoi inquiéter. Les différents modèles
prévisionnels ont montré en effet que la vaccination serait un
moyen efficace de réduire la dissémination de l’infection, les
hospitalisations, la morbidité et la mortalité. Les autorités
sanitaires en ont fait un composant essentiel des plans de
prévention et de lutte contre la pandémie, donnant la priorité à la
vaccination des professionnels de santé.
Devant le déferlement médiatique des informations souvent plutôt
alarmistes concernant la grippe H1N1, on peut se demander comment
une telle réticence est possible. Il ne semble pas s’agir d’une
position de principe, puisque en ce qui concerne les autres
programmes de vaccination, l’adhésion de la population de Hong Kong
est élevée, du même niveau que celle des pays occidentaux.
La raison avancée par les personnes interrogées pour expliquer
le refus du vaccin est principalement la crainte des effets
secondaires. Viennent ensuite le doute quant à l’efficacité du
vaccin et l’idée qu’il est « encore trop tôt pour se faire vacciner
». A contrario, les arguments de ceux qui se déclarent favorables
au vaccin sont le désir d’être protégés et l’observance des
recommandations de l’OMS.
L’étude met surtout en évidence un lien fort entre l’intention de
se faire vacciner contre le virus H1N1 et l’habitude de la
vaccination régulière contre la grippe saisonnière. Cette relation
suggère que les réticences sont les mêmes pour les deux
vaccinations (grippe saisonnière et vaccination pré-pandémique
H1N1).
Les auteurs recommandent alors que la sensibilisation des
professionnels de santé à leur propre vaccination contre la grippe
saisonnière pourrait faire partie des programmes nationaux de
prévention contre les pandémies, tant il est vrai que le message
serait plus facile à faire entendre hors période de crise. D’autre
part, un effort particulier de communication devrait être fait, en
amont des campagnes de vaccination, pour informer sur les effets
secondaires possibles et l’efficacité du vaccin. Ces précisions
permettraient sans doute de lever certaines réticences, notamment
chez les personnes les plus anxieuses.
Cette étude apporte un éclairage peu rassurant mais intéressant sur
l’impact possible des campagnes de vaccination contre la pandémie
grippale. Elle peut surtout inspirer aux autorités sanitaires des
améliorations possibles des plans de prévention pré-pandémie, pour
assurer la meilleure couverture vaccinale possible des
professionnels en première ligne.
Dr Roseline Péluchon