Avant d’entreprendre un traitement médicamenteux chez les patients en surpoids ou obèse pour lesquels on vient de diagnostiquer un diabète de type 2, il est licite de tenter un régime alimentaire. Mais lequel choisir ? Le régime de type méditerranéen, pauvre en hydrate de carbones et où une proportion importante de l’apport en lipides est constituée d’acides gras mono-insaturés (huile d’olive) est bien connu pour ses bénéfices cardiovasculaires et pour améliorer la sensibilité à l’insuline. Par ailleurs, un régime pauvre en graisse et hypocalorique est recommandé pour faire maigrir les patients diabétiques en surpoids ou obèse. Les données comparatives pour ces 2 types de régimes sont rares (excepté la publication de Shai et al dans le New England Journal of Medicine en 2008).
Une équipe de Naples a donc entrepris de comparer les résultats de ces 2 types de régime par le biais d’une étude randomisée unicentrique. Le type de régime a été attribué par tirage au sort informatisé, les participants et les investigateurs étant informés ensuite du régime alloué. L’évaluation concernant le critère principal (niveau de l’HbA1c) était faite en aveugle. Deux cent quinze patients en surpoids avec un diabète de type 2 de découverte récente et un niveau d’HbA1c inférieur à 11 %, mais jamais traités, ont participé à cette comparaison. Le régime de type méditerranéen avec une proportion de calories quotidiennes en provenance des hydrates de carbone inférieure à 50 % a été alloué à un groupe de 108 patients et le régime hypolipidique (proportion de calories d’origine lipidique inférieure à 30 %) a été alloué à 107 patients.
Le début du traitement hypoglycémiant défini par le protocole
pour un niveau d’HbA1c supérieur à 7 % a été retenu comme critère
principal et les modifications du poids, du contrôle glycémique et
des facteurs de risque coronariens comme critères
secondaires.
Après 4 ans, 44 % des patients sous régime méditerranéen et 70 %
des patients sous régime hypolipidique ont nécessité des
hypoglycémiants (Hazard ratio HR = 0,63, intervalle de
confiance à 95 % : 0,51-0,86). Après ajustement pour les
modifications de poids, l’HR est passé à 0,70 (IC : 0,59-0,90). Les
participants sous régime méditerranéen ont perdu davantage de poids
et leur contrôle glycémique et leurs facteurs de risque coronarien
se sont améliorés de façon plus importante que chez les
participants sous régime hypolipidique.
Le régime de style méditerranéen pauvre en hydrates de carbone comparé à un régime hypolipidique, entraîne donc des modifications favorables du contrôle glycémique et des facteurs de risque coronariens, permettant de retarder la mise sous médicaments hypoglycémiants chez les patients en surpoids pour lesquels un diagnostic de diabète de type 2 vient d’être posé.
Dr Serge Brugier