Paris, le vendredi 8 janvier 2010 – Parmi les critiques qu’avaient suscité les déclarations de Roselyne Bachelot au mois de décembre concernant la revalorisation du statut des infirmières (liée à l’évolution de leur formation qui doit être intégrée au dispositif universitaire LMD [Licence/Master/Doctorat]) figurait un étonnement agacé des syndicats de voir le ministre prendre la parole, alors qu’elle s’était le plus souvent montrée absente lors des séances de négociations. « Nous n’avons quasiment jamais vu la ministre de la santé et voilà qu’elle communique sur le sujet » avait ainsi remarqué le secrétaire fédéral de la CGT santé Philippe Crépel. Entendant ces dénonciations, le ministre de la Santé, Roselyne Bachelot a choisi de faire front devant les représentants syndicaux ce mardi 5 janvier lors de la présentation de la nouvelle mouture du protocole d’accord proposé aux organisations. Elle a présenté elle-même les différentes avancées proposées par ce nouveau texte.
Avancement du calendrier
Il semble en effet qu’un certain nombre de revendications des syndicats ait été entendu, bien que demeure le point principal d’achoppement : le passage de la catégorie B à la catégorie A se fera pour les infirmières aujourd’hui déjà en poste au prix d’un renoncement à leur départ à la retraite à 55 ans qui sera désormais fixé à 60 ans. Si ce sujet continue à susciter le débat, certaines avancées importantes ont été reconnues, au premier rang desquelles une modification du calendrier. Ainsi, alors que la version proposée en décembre tablait sur un passage possible en catégorie A à partir d’octobre (pour les infirmiers) et décembre (pour les paramédicaux) 2011, le nouveau texte évoque les dates de janvier et septembre 2011. Parallèlement, les deux augmentations salariales sont prévues pour mi 2012 et mi 2015 (et non plus 2016). De même, pour les infirmières qui refuseraient de quitter la catégorie B, les revalorisations salariales pourraient intervenir dès l’été 2011 et non à la fin 2011. Des efforts ont également été consentis en ce qui concerne le montant des augmentations, pour les infirmières ayant atteint le dernier échelon de la catégorie A, la grille indiciaire atteindra, à la fin de la réforme, 730 et non 720. Roselyne Bachelot a précisé que « les infirmières en milieu de carrière bénéficieront » au terme des différentes revalorisations « d’une rémunération annuelle majorée de 2 000 euros en moyenne ». Cette allusion au « milieu de carrière » est une adresse directe aux syndicats qui reprochaient au gouvernement de se référer à la situation des infirmières en fin de carrière. Au-delà du choix de la formulation, le ministre a eu à cœur de répondre aux préoccupations des syndicats qui ont fait valoir que la carrière des infirmières était souvent courte : Roselyne Bachelot a en effet insisté pour que le protocole final comporte un volet spécifique dédié non seulement « à l’amélioration des conditions de travail », mais aussi « à la seconde partie de carrière » des infirmières.
Recadrer le débat
D’autres avancées intéressantes ont été remarquées par les syndicats, telles celles concernant les cadres. C’est en effet à leur demande que pourrait être créé « un grade spécifique », tandis que « l’indice sommital du grade de cadre supérieur a été sensiblement augmenté ». Ainsi en fin de carrière, les cadres de santé pourraient atteindre l’indice brut 901 et non plus 821. Ces derniers sont également concernés par la proposition du ministre ayant trait à l’amélioration des ratios promus-promouvables qui concerne les adjoints des cadres hospitaliers. Enfin, la possibilité d’une prime pour les infirmiers encadrant des étudiants a été évoquée.
Chantage ?
Ces différentes propositions ont retenu l’attention des
syndicats, bien que l’accord ne semble pas encore acquis. « Ce
sont des premières réponses que nous attendions depuis
longtemps » a ainsi commenté la fédération santé de la CFDT,
tandis que FO s’est félicitée de la revalorisation accordée aux
cadres et des avancées concernant les infirmiers. Le ton était plus
sec à la CGT qui qualifie le conditionnement du passage en
catégorie A à un changement de l’âge du départ à la retraite à un «
chantage ». Sud Santé n’a pour sa part pas caché son «
mécontentement », tandis que le Syndicat national des
professionnels infirmiers (SNPI) a indiqué son intention de lancer
une pétition appelant à une revalorisation dès le 1er janvier 2010
!
A.H.