
Le diabète de type 1 expose à un risque de cardiopathie propre à la maladie ou aggravée par les autres facteurs de risque. L’évolution est éminemment variable d’un sujet à l’autre, mais une chose est à peu près certaine, c’est la rapidité avec laquelle vont apparaître les premières lésions myocardiques.
Comment prédire la progression du dysfonctionnement diastolique et systolique précoce vers l’insuffisance cardiaque chronique symptomatique ? L’imagerie par Doppler tissulaire (IDT) est-elle, sur ce point, supérieure à l’échocardiographie bidimensionnelle conventionnelle, notamment dans la détection des lésions myocardiques précoces ?
A cette question répond une étude de type cas- témoins dans laquelle ont été inclus 40 jeunes patients asymptomatiques (12-18 ans) atteints d’un diabète de type 1 (DT1) et 20 témoins. Les résultats des deux techniques d’imagerie ont été confrontés aux données suivantes :
1) taux sériques de NT-pro-BNP (N-terminal pro-brain
natriuretic peptide) ;
2) contrôle du métabolisme glucidique ;
3) durée du diabète.
Ont en outre été recherchés les éléments suivants :
1) signes en faveur d’une neuropathie autonome cardiaque ;
2) anomalies biologiques : glycémie moyenne, taux plasmatiques
d’HbA1c et micro-albuminurie.
Dans les deux groupes, les dimensions du ventricule gauche (VG) et la masse ventriculaire gauche indexée se sont avérées normales, à l’exception de l’épaisseur de la paroi postérieure plus élevée en cas de diabète (p<0,05 versus témoins). Un dysfonctionnement diastolique du VG et du VD a été détecté chez 25 soit 2 % des diabétiques (p<0,05 vs témoins), L’IDT s’est avérée plus sensible que l’échocardiographie dans la détection d’un dysfonctionnement ventriculaire gauche et/ou droit précoce chez 52,5 % des diabétiques, notamment pour ce qui est de l’allongement de la durée de la relaxation myocardique (p<0,05 vs témoins).
Cette variable a par ailleurs été corrélée au contrôle métabolique reflété par les taux plasmatiques d’HbA1c. Les taux plasmatiques du NT-pro-BNP, pour leur part, se sont avérés plus élevés chez les jeunes diabétiques (p<0,01) et, en outre corrélés au dysfonctionnement diastolique même isolé. Dans ce cas de figure, au seuil de positivité de 62,5 fmol/ml, sa sensibilité et sa spécificité ont été estimées respectivement à 82 % et 95 %.
En bref, au cours du diabète de type 1 de l’enfant ou de l’adolescent, il n’est pas exceptionnel de mettre en évidence des dysfonctionnements légers voire subtils qui affectent la relaxation diastolique, tout en étant corrélés au contrôle de la glycémie. L’IDT couplée au dosage du NT-pro-BNP plasmatique semble être la stratégie la plus performante pour détecter un dysfonctionnement diastolique des deux ventricules.
Dr Philippe Tellier