Le sevrage tabagique améliore le pronostic du cancer du poumon

Il est désormais établi que le tabac est responsable d’un bon nombre de cas de cancers du poumon et qu’un fumeur encourt un risque de développer ce cancer 20 fois supérieur à celui qui n’a jamais fumé. Mais le mécanisme biologique par lequel la fumée de tabac facilite l’apparition d’un cancer est encore mal connu. Si l’on sait que les agents carcinogènes ont un pouvoir mutagène, il semble qu’ils agissent aussi ensuite en favorisant la progression de la maladie. Il paraissait donc légitime de se demander si l’arrêt du tabac après un diagnostic de cancer du poumon pouvait en améliorer le pronostic.

Une équipe du Royaume Uni a réalisé une synthèse des travaux consacrés aux facteurs pronostiques du cancer du poumon, pour en extraire les données concernant l’effet de l’arrêt du tabagisme à la suite du diagnostic. Aucun essai randomisé n’était référencé, mais 10 études répondant à des critères acceptables de qualité ont été sélectionnées, la plupart  concernant des cancers à un stade précoce.

Les résultats sont édifiants. Les auteurs ont en effet estimé à 33 % la survie à 5 ans des patients de plus de 65 ans présentant un cancer du poumon non à petites cellules à un stade précoce et qui continuent à fumer après le diagnostic, alors qu’elle est de 70 % pour ceux qui arrêtent de fumer. Pour les patients présentant un cancer à petites cellules de stade limité, la survie à 5 ans est de 29 % pour ceux qui continuent à fumer, versus 63 % pour ceux qui arrêtent.

En France, l’incidence du cancer du poumon est d’environ 25 000 nouveaux cas par an, le plaçant au deuxième rang des cancers de l’homme en termes de fréquence, derrière le cancer de la prostate. Il est aussi le cancer le plus répandu au monde, et dans les pays où le tabagisme est très courant, 90 % des cancers pulmonaires diagnostiqués peuvent être attribués à la cigarette.

Il est difficile de trouver des estimations sur le nombre de patients qui continuent à fumer après un diagnostic de cancer du poumon, le chiffre varie beaucoup selon les études. Ainsi, dans les travaux qui ont servi à cette analyse, il va de 6 % à 83 % des patients. Quoi qu’il en soit, ce travail peut déjà servir à étayer des argumentaires pour l’incitation au sevrage tabagique chez ce type de patients. En attendant la grande étude randomisée qui viendrait confirmer ces résultats.

Dr Roseline Péluchon

Références
Parsons A et coll. : Influence of smoking cessation after diagnosis of early stage lung cancer on prognosis: systematic review of observational studies with meta-analysis.
BMJ 2010;340:b5569

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