Des virus sur les jouets des salles d’attente

Beaucoup de parents pensent que les jouets des salles d’attente pédiatriques peuvent être vecteurs de maladies. Cependant, les études sur ce sujet ont porté sur les contaminations bactériennes mais non sur les virus respiratoires. Une recherche de ces virus a été effectuée en Virginie dans deux salles d’attente, l’une pour les enfants malades, l’autre pour ceux asymptomatiques pendant 3 périodes hivernales. Des frottis ont été effectués à la surface de jouets durs, de jouets neufs dans leur emballage d’origine et avant et après nettoyage avec un linge antiseptique ; 15 échantillons de jouets et livres ont été prélevés dans la salle des enfants malades, avant et après nettoyage par une infirmière qui ne connaissait pas le protocole. De surcroît, les empreintes digitales de l’un des auteurs ont fait l’objet de prélèvements séparés après avoir touché 20 jouets différents dans la salle des enfants malades. Après mise en milieu de transport et congélation, les virus à ARN ont été recherchés par PCR : picornavirus c'est-à-dire rhinovirus et entérovirus et selon la saison, virus respiratoire syncitial (VRS) ou grippe (influenza A et B).

Pendant l’automne et l’hiver, des virus ont été détectés sur onze prélèvements effectués à partir de 52 jouets (21 %) : 10 picornavirus et 1 influenza B mais pas de VRS en janvier. Cette contamination a été détectée sur 3 des 10 jouets neufs, 6 des 30 jouets de la salle des enfants malades et 2 des 12 jouets de la salle des enfants sains. L’effet du nettoyage a été étudié. Parmi 15 jouets et livres prélevés dans la salle des malades, 6 échantillons (40 %) étaient positifs pour les picornavirus. Quatre sur 6 jouets étaient devenus négatifs après nettoyage selon le protocole habituel mais 2 négatifs avant le nettoyage étaient devenus positifs après. Ainsi, 4 sur 15 (26 %) des jouets ont été contaminés après le nettoyage.

Au printemps, le transfert de l’ARN viral sur les doigts à partir des jouets, dans la salle d’attente des enfants malades, a été recherché. Sur 20 jouets touchés, 3 (15 %) étaient positifs pour l’ARN des picornavirus mais aucun transfert de cet ARN n’a été détecté sur les doigts du chercheur.  

En conclusion, environ 20 % des objets d’une salle d’attente pédiatrique peuvent être contaminés par des virus respiratoires. Le nettoyage par une lingette antiseptique a un effet modeste. La capacité de transmettre une infection à partir de cette source n’est pas connue.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Pappas DE et coll. : Respiratory viral RNA on toys in pediatric office waiting rooms. Ped Infect Dis J., 2010; 29: 102-4

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Vos réactions (4)

  • Pour une étude en crêche ou en maternelle

    Le 09 février 2010

    Cet article devrait ête complété par une analyse analogue en crêche et en maternelle. A quand les demandes en reconnaissance de Maladies Nosocomiales (ou liées aux soins)fondées sur le même type d'enquête !

    Dr Claude Maréchal

  • Risques des désinfectants

    Le 09 février 2010

    Et les inconvénients des produits désinfectants sur les enfants asthmatiques par exemple ? L'effet irritant des désinfectants ?

    Marie-Claire Segonnes


  • Différence entre trace génomique et infectiosité

    Le 10 février 2010

    Retrouver des traces d'ARN viraux sur des jouets n'est pas la preuve absolue d'un risque d'infection car la pénétration dans les cellules est en fait en rapport avec des récepteurs protéiques qui peuvent avoir été inactivés par les désinfectants sans que la trace génomique ait été altérée. Confondre présence d'une trace et infectiosité ressemble à de l'amateurisme dans ce domaine.

    Dr J.M. Duez

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