L’inflammation des voies aériennes joue un rôle crucial dans la progression et le pronostic de la mucoviscidose. Elle aboutit en effet à la destruction de l’arbre respiratoire et du parenchyme pulmonaire. Les méthodes couramment utilisées pour évaluer les dégâts manquent encore de précision, qu’il s’agisse du lavage broncho-alvéolaire, de la spirométrie ou encore de la tomodensitométrie (TDM) thoracique, même avec les détecteurs multibarrettes. La tomoscintigraphie à émission de positons (TEP), pour sa part, est davantage utilisée en oncologie qu’en infectiologie, le radiopharmaceutique le plus utilisé étant le fluorodéoxyglucose (18F-FDG). Ce dernier est certes un marqueur des lésions tumorales, mais il se comporte aussi comme un marqueur des lésions inflammatoires ou infectieuses. Sur le plan technique, la tendance actuelle est de coupler une caméra à positons et un scanner pour aboutir à une machine hybride, dite TEP-TDM.
Que peut apporter cette technique, à la fois morphologique et fonctionnelle dans la mucoviscidose ? Une étude quelque peu pilote a inclus 20 patients (âge, 14-54 ans) atteints d’une mucoviscidose qui ont tous bénéficié d’une 18F-FDG-TEP-TDM. Chez sept participants, l’exploration tomoscintigraphique a été réalisée à deux reprises, respectivement avant et après une poussée évolutive. Les images des malades ont été interprétées en fonction des données cliniques, en comparaison aux images obtenues dans les mêmes conditions chez huit témoins.
Des foyers hyperfixants ont été mis en évidence uniquement chez
les patients atteints d’une mucoviscidose, l’exploration étant
normale chez les témoins. Les foyers les plus intenses
(standardized uptake value ou SUV > 3,0) ont été
décelés en cas de poussée évolutive ou d’infection. La TDM a
permis de localiser les anomalies métaboliques, tout en appréciant
les lésions morphologiques associées, non visibles avec la
18F-FDG-TEP. Les foyers hyperfixants ont disparu au
terme d’une antibiothérapie ou encore à la fin de la poussée
évolutive, alors que les anomalies tomodensitométriques sont
restées stables.
Ces résultats préliminaires sont encourageants, mais il faut les
valider sur une plus grande échelle avant de recourir à la
18F-FDG-TEP dans la surveillance ou l’évaluation
pronostique de la mucoviscidose. C’est en termes de rapport
coût/efficacité que l’évaluation doit être faite, en comparaison
avec d’autres techniques d’imagerie fonctionnelle ou
morphologique.
Dr Philippe Tellier