Le diabète gestationnel est associé à un risque plus élevé de macrosomie, de dystocie des épaules et de complications obstétricales. L’obésité et une prise de poids trop importante pendant la grossesse sont, elles aussi, associées à un risque plus élevé de macrosomie. Mais que se passe-t-il si une patiente cumule obésité avant la grossesse, prise de poids trop importante et diabète gestationnel ?
Une étude rétrospective a été réalisée au Etats-Unis, incluant 1 502 patientes suivies pour diabète gestationnel dans une même unité obstétricale. Avant la grossesse, 39,6 % d’entre elles étaient de poids normal (IMC < 25), 28,5 % étaient en surpoids (IMC entre 25 et 29,9) et 31,9 % étaient obèses (IMC ≥ 30). La prise de poids maximale autorisée au cours de la grossesse est établie en fonction des recommandations de l’Institut of Medicine (IOM) et différente selon le groupe auquel appartient la patiente. Ainsi, les femmes de poids normal peuvent prendre au maximum 35 livres, soit un peu plus de 16 kilos, les femmes en surpoids 25 livres, environ 11 kilos et les obèses 20 livres, soit 9 kilos.
Dans cette cohorte, la prévalence des macrosomies est de 12,3 % toutes catégories de poids confondues. Mais le risque n’est pas le même pour toutes les patientes, puisque les obèses ont deux fois plus de risque de donner naissance à un enfant macrosome que celles dont l’IMC est normal (OR 2,0 ; IC 95 % 1,4 à 3,0, p = 0,0005). Pendant le suivi, les femmes en surpoids et obèses ont pris moins de kilos que celles qui étaient de poids normal au début de la grossesse, mais elles dépassent quand même plus souvent les limites de prise de poids recommandées et pour chaque catégorie d’IMC, le non-respect de ces recommandations augmente significativement le risque de macrosomie (OR 3,0 ; IC 95 % 2,2 à 4,2, p < 0,0001), mais aussi le risque de dystocie des épaules (2,78 ; 1,10 à 6,98, p = 0,031) et de césarienne ( 1,59 ; 1,19 à 2,11, p = 0,0015).
Le poids avant la grossesse, mais aussi une prise de poids supérieure à celle préconisée dans les recommandations apparaissent ici comme étant des facteurs de risque de macrosomie chez les femmes présentant un diabète gestationnel, comme d’autres travaux l’avaient démontré chez des femmes non diabétiques. Il est nécessaire de préciser toutefois que cette étude a été réalisée sur une cohorte de patientes en majorité latino-américaines, et, du fait d’un lien reconnu entre l’origine hispanique et l’obésité, une grande prudence est nécessaire selon les auteurs dans l’extrapolation des résultats. Il leur apparaît toutefois que le constat qui est fait ici justifie des interventions précoces et si nécessaire « agressives » pour maîtriser le poids avant et pendant la grossesse, dans le but d’optimiser le poids fœtal et de réduire ainsi les complications obstétricales.
Dr Roseline Péluchon