
L’association entre obésité à l’âge adulte et risque accru de mortalité semble bien documentée. Une revue de littérature récente regroupant des données de 57 études prospectives avec près de 900 000 participants a estimé que les obèses étaient deux fois plus à risque de décès à tout âge entre 35 et 89 ans comparés aux personnes minces. Cependant l’impact de la mortalité chez les individus qui entrent dans l’âge adulte déjà obèses est mal documenté.
L’objectif de cette étude danoise est d’évaluer l’effet sur la mortalité toute cause confondue d‘une obésité présente très tôt à l’âge adulte.
Au sein d’une population de 362 000 danois âgés de 18 à 25 ans évalués pour le service militaire entre 1943 et 1977, un échantillon de 5 338 hommes a été constitué après randomisation ; 1 862 d’entre eux étaient obèses avec un IMC médian de 32,7 Kg/m² et 3 476 étaient minces avec un IMC médian de 21,4 Kg/m². Les participants ont été suivis jusqu’en 2007. La mortalité des sujets obèses par rapport à celle des minces a été ajustée à l’année de naissance ainsi qu’au niveau d’éducation.
Durant les 65 années de suivi (1943 à 2007), 1 191 décès sont survenus dans ce groupe de 5 338 participants. A tout âge entre 18 et 80 ans, il y avait deux fois plus de décès chez les obèses que chez les minces (Hazard ratio 2,10 ; Intervalle de confiance à 95 % : 1,84-2,39). Vers 75 ans plus de 50 % des minces étaient encore en vie contre à peine 25 % des obèses. Par ailleurs, la survie médiane était de 8 ans inférieure pour les obèses, comparé aux sujets minces.
Selon les auteurs, les hommes qui entament leur vie d’adulte déjà obèses sont deux fois plus à risque de décès que les minces, résultats qui renforcent le besoin d’implémenter des programmes efficaces de prévention de l’obésité.
En pratique que faire devant l’échec à long terme des règles hygiéno-diététiques et des programmes de lutte contre l’obésité ?
Les évaluations (en cours) du bénéfice/risque de la chirurgie bariatrique chez les jeunes adultes sans obésité sévère (IMC entre 30 et 35 Kg/m²) devraient aboutir à de nouvelles recommandations à un horizon de 5 ans.
Dr Rodi Courie