
Genève, le vendredi 23 décembre 2022 - L’Organisation mondiale de la santé alerte : en 2022, 29 pays ont signalé des cas de choléra. À titre de comparaison, au cours des cinq années précédentes, moins de 20 pays avaient signalé des épidémies. « Au niveau mondial, les épidémies sont plus nombreuses, plus étendues et plus graves à cause d’inondations, de sécheresses, de conflits, de mouvements de populations et à d’autres facteurs qui limitent l’accès à l’eau potable et augmentent le risque d’épidémies de choléra » souligne encore l’OMS.
En Haïti, très durement touché par une épidémie qui a infecté plus de 800 000 personnes et en a tué plus de 10 000 entre 2010 et 2019, une nouvelle vague déferle sur une population déjà frappée par une grave crise humanitaire et sécuritaire. Au moins 305 morts de cholera ont été comptabilisées depuis début octobre. En Afrique, des pays comme le Malawi, la Somalie, la République démocratique du Congo ou le Soudan du Sud ont rapporté de nombreux cas cette année, tout comme l’Afghanistan ou le Pakistan en Asie.
« Le choléra est alimenté par les conflits et la pauvreté, mais, en plus, cette année, nous constatons l’impact de plus en plus visible du changement climatique, qui joue un rôle amplificateur », détaille pour Le Monde, Philippe Barboza, chef d’équipe de l’OMS pour le choléra et les maladies diarrhéiques épidémiques.
Pénurie de vaccins
Une situation particulièrement inquiétante alors que des tensions d’approvisionnements en vaccins anticholériques ont été mis au jour.
Cette pénurie s’explique par le faible nombre d’acteurs sur ce marché peu rentable. Aujourd’hui, l’essentiel de la fabrication mondiale est assuré par la société sud-coréenne EuBiologics, qui représente près de 80 % du marché. Environ 15 % sont fabriqués par Shantha Biotechnics, une filiale indienne du laboratoire Sanofi, mais ce dernier a annoncé, il y a deux ans, qu’il arrêterait définitivement la production de son vaccin à la fin de 2022…
Dans ce contexte, l’OMS recommande un schéma en une seule dose, contre deux doses habituellement. Mais alors qu’après deux doses, l’efficacité est estimée à 65 %, avec une seule, elle tombe à 40 % et n’est pas prouvée chez les enfants de moins de 5 ans. En outre, les données probantes sur la durée exacte de la protection sont limitées. Soulignons enfin, qu’avec un schéma à deux doses l’immunité contre l’infection ne dure que trois ans.
Marlène Augustin