
La rhinosinusite chronique avec polypose nasale résulte, pour l’essentiel, d’une inflammation de type 2 au cours de laquelle les cellules T auxiliaires de type 2 (cellules TH2) semblent bien jouer un rôle central. Elles sécrètent en effet des cytotoxines importantes telles les interleukines 4, 5, 10 et 13 (IL-4, IL-5, IL-10 et IL-13) qui interviennent dans la défense de l'organisme contre les agents pathogènes extracellulaires. Leur surproduction chez certains sujets est cependant à l’origine des symptômes évocateurs de la rhinosinusite chronique avec polypose nasale. Ces derniers peuvent avoir un retentissement important sur la qualité de vie au point qu’un traitement de fond, voire une prise en charge chirurgicale peuvent s’avérer nécessaires avec des résultats parfois décevants à long terme.
Le dupilumab est une anticorps monoclonal anti-IL4Rα offre des perspectives nouvelles dans le traitement de cette affection dont la prévalence au sein de la population générale avoisine 4 %. Il est actuellement également proposé pour le traitement de la dermatite atopique modérée à sévère et ses effets indésirables (EI), notamment cutanés, sont dans ce cadre bien connus. Qu’en est-il dans l’indication de la rhinosinusite chronique avec polypose nasale ?
Quelques cas à Vienne
Une petite étude de cohorte rétrospective réalisée au sein du service d’ORL du centre hospitalier général de Vienne (Autriche) donne quelques éléments de réponse à cette question. Elle a inclus au total 192 patients atteints de la maladie précédemment évoquée, qui ont tous bénéficié d’un traitement par le dupilumab. Le suivi médian est estimé à 5,5 (écart interquartile=5,5-5,9) années, ce qui correspond à un suivi cumulé de 89,65 années. Des évènements indésirables de nature dermatologique n’ont été observés que chez quatre patients, ce qui correspond à un taux d’incidence de 4,46 (intervalle de confiance à 95 % IC 95 % : 1,39-11,23) pour 100 patients-années. Dans la majorité des cas, de fait pour 3 patients sur 4, il s’est agi d’une dermatite du type psoriasis, le dernier patient ayant, pour sa part, présenté une folliculite de type rosacée avec une pelade. La dose de dupilumab a été réduite chez trois patients, le traitement n’étant totalement interrompu que dans un seul cas.
Cette petite étude rétrospective est la première à rapporter l’incidence et la nature des effets indésirables cutanés du dupilumab chez des malades atteints d’une rhinosinusite chronique avec polypose nasale. Ils rappellent ceux observés chez les patients bénéficiant du même traitement pour une dermatite atopique. Une approche interdisciplinaire, dans le cas de l’affection ORL qui fait l’objet de cette étude peut s’imposer pour contrôler les complications dermatologiques dont le spectre est peut-être plus large que celui évoqué ici.
Dr Philippe Tellier