
Aux débuts des années 2000, des dispositifs propulsés ont été développés pour aider les patients atteints de lésions complètes ou incomplètes de la moelle à se tenir debout et marcher et pour faciliter la réadaptation de la locomotion. De tels dispositifs sont appelés des exosquelettes motorisés et sont composés d’orthèses motorisées placées sur les membres inférieurs avec des parties se superposant à celles du corps humain. Un des premiers exosquelettes alimentés et médiatisé est l’exosquelette fixe Lokomat (Hocoma, Suisse). Dans sa lignée, ces dernières années, plusieurs autres dispositifs de mobilité innovants ont été développés, permettant aux personnes avec une lésion de bas niveau de marcher aussi naturellement que possible. Les différents modèles, outre leur structure similaire, peuvent être classifiés selon leur utilisation - d’assistance ou fonctionnelle ; et selon leur mécanisme de contrôle - par joystick, par contrôle de la posture, ou par électromyographie.
Une revue systématique américaine, à travers l’exploration des bases de données, a cherché à préciser l’efficacité et à analyser la sécurité de ces « dispositifs mécatroniques thérapeutiques ». Parmi les 9 publications identifiées comparant les exosquelettes aux techniques classiques de rééducation de la marche en neurologie, aucune différence n’a été identifiée en ce qui concerne les progrès des patients, que ce soit pour la vitesse (10 meter walk test velocity) ou au niveau fonctionnel (Spinal cord independance measure). La comparaison des autres résultats primaires retenus (tests de 6 minutes, Walking Index for spinal cord injury I et II, et la MIF) donne des scores mitigés, alternativement soit en faveur de l’un soit en faveur de l’autre. Néanmoins, point positif, les événements indésirables signalés dans l’utilisation de tels matériels restent rares. Fait notable, aucune étude n’a été retrouvée pour comparer la locomotion avec un exosquelette versus des attelles classiques.
En somme, bien que des séries de cas donnent une certaine aura quant à l’utilisation des exosquelettes, les données actuelles ne permettent pas d’affirmer que l’utilisation de cet outil apporte des bénéfices supplémentaires dans la rééducation ou la récupération par rapport aux thérapies usuelles. Ces dispositifs étant sans cesse en évolution, il reste néanmoins certain que ces outils ne peuvent être mis de côté et sont à suivre de près.
Anne-Céline Rigaud