Paris, le vendredi 23 novembre 2007 – C’est la plus vieille société française médicale, mais son ancienneté ne doit pas faire préjuger de son dynamisme. La Société française de pathologie tient (SFP) au contraire à affirmer combien la discipline qu’elle représente est en perpétuelle mutation et incarne parfaitement les différentes révolutions que connaît la médecine d’aujourd’hui. Dans un communiqué diffusé hier, en marge de la tenue de son congrès annuel du 19 au 23 novembre, elle énumère ainsi : « l’anatomo-cyto-pathologie, désormais intitulée « pathologie » est une spécialité aux multiples facettes de la médecine la plus moderne (…) : nouvelles méthodes de diagnostic, évaluation de l’efficacité des traitements, gestion des tumorothèques (sujet phare de l’actuel congrès, ndrl), numérisation des lames et télépathologie sont aujourd’hui une réalité ».
Mauvais pronostic pour l’avenir des pathologistes
Pourtant, cette spécialité essentielle est menacée d’une grave
pénurie. Bien qu’elle ne fasse que très rarement la une des
communiqués dédiés à la démographie médicale, la pathologie connaît
une crise tout aussi inquiétante, si ce n’est plus, que d’autres
disciplines. On compte aujourd’hui près de 1 600 pathologistes (1
486 praticiens exerçant une activité régulière et 84 une activité
occasionnelle). Pour maintenir ce niveau d’activité et alors que de
nombreux départs à la retraite sont prévus dans les prochaines
années, 50 nouveaux pathologistes devraient être formés chaque
année. Pourtant, on ne compte actuellement que 20 nouveaux diplômés
par an, alors que la surcharge de travail qui échoue aux
pathologistes vieillissants ne cesse de s’accroître en raison de «
la complexité des actes » qui engendre « cinq fois
plus de travail actuellement sur un prélèvement qu’il y a cinq
ans ». Pour les pathologistes, c’est la qualité des soins qui
est en jeu dans cette pénurie annoncée. « Le risque à terme est
un allongement des délais de réponse aux différents intervenants de
la chaîne de traitement des cancers » écrit la SFP. Si cette
spécialité essentielle et moderne se révèle peu attractive c’est en
raison d’une part d’une certaine méconnaissance des jeunes
étudiants, mais aussi de « la quasi-impossibilité pour un
interne de choisir tardivement la discipline ». Or, c’est
souvent avec les années que naît l’intérêt pour cette spécialité,
alors que « les passerelles » existantes pour l’atteindre
sont très rares. Face à cette situation, un appel est lancé, à
l’intention des pouvoirs publics, mais aussi du grand public, pour
que le travail des pathologistes et leur rôle dans l’avenir de la
médecine soient mieux connus. L’avenir se présente notamment sous
la forme des tumorothèques qui sont au cœur du congrès qui se tient
actuellement. La mise en place de ces « banques de cellules et
de tissus tumoraux obtenus à partir de prélèvements sur des malades
atteints d’un cancer » est l’un des objectifs du plan national
contre le cancer. Aujourd’hui, une tumurothèque virtuelle nationale
concernant les cancers du poumon est déjà opérationnelle.
A.H.