Alcool : évaluer sa consommation et décider d’agir
Les risques pour la santé de la consommation d’alcool sont
avérés, même pour des consommations d’alcool qui peuvent apparaître
comme « faibles ».
Si la grande majorité des Français s’estime bien informée sur
les effets de l’alcool sur la santé, une analyse plus fine des
opinions révèle une minimisation importante du risque : seule une
minorité (30 %) considère que l’alcool est « très dangereux » pour
la santé (1). L’une des conséquences de ce défaut de
perception est que le sujet de la consommation d’alcool est
rarement abordé spontanément chez le médecin. C’est ce qui fait
tout l’intérêt du RPIB : « repérage précoce et intervention brève
»
Repérage précoce et intervention brève : la première étape vers
le changement
Différents travaux ont mis en évidence l’efficacité du RPIB
pour aborder en consultation différents déterminants de santé
(tabac, alcool, alimentation, activité physique…) (2). Cette
approche permet de systématiser le questionnement sans le limiter
uniquement aux patients présentant des profils à risque. Par
ailleurs, elle peut impliquer l’ensemble des professionnels (et non
uniquement les médecins spécialisés). En pratique, tout
professionnel de santé devrait pouvoir, lors d’une première
consultation, questionner son patient pour repérer son niveau de
consommation d’alcool et si nécessaire envisager une intervention
brève. Ce repérage peut être répété lors du suivi de pathologies
chroniques où la consommation d’alcool peut jouer un rôle
aggravant.
En France, en 2017, 1 personne sur 10
déclarait consommer de l’alcool tous les jours et 4 personnes sur
10 toutes les semaines (3).
Le repérage précoce
Deux questionnaires ont été élaborés afin de faciliter le
recueil des données des habitudes de consommation. Il s’agit du
questionnaire AUDIT et du
questionnaire FACE.
Le premier comprend 10 questions et évalue la fréquence de la
consommation d’alcool au cours des 12 derniers mois, la dépendance
et les conséquences de cette consommation sur la vie quotidienne.
Un trouble de l’usage de l’alcool est suspecté pour un score de 7
ou plus chez l’homme et de 6 ou plus chez la femme. (4)
Le questionnaire FACE est composé de 5 questions évaluant la
consommation déclarée d’alcool au cours des 12 derniers mois et la
dépendance. Un score égal ou supérieur à 5 chez l’homme et à 4 chez
les femmes font suspecter un trouble de l’usage de l’alcool.
(5)
Faire remplir ces questionnaires a pour objectif de faire prendre
conscience au patient de sa consommation d’alcool.
L’Intervention brève
L’objectif de l’intervention brève est d’inciter à un
changement en cas de consommation à risque. Elle doit être proposée
aux personnes chez lesquelles un trouble de l’usage de l’alcool a
été dépisté par l’un des questionnaires, mais non
alcoolo-dépendantes (ces dernières bénéficieront d’une prise en
charge plus spécialisée).
L’intervention brève prend la forme d’un entretien,
individualisé, pour renforcer la motivation à une réduction de la
consommation, associant informations, échanges, choix d’objectifs
et orientation vers les sources d’informations et de soutien
disponibles.
Des outils en ligne
De nombreux outils en ligne existent d’une part à
l’intention des professionnels de santé et d’autre part à
destinations des patients.
Brochures et documents d’information sont ainsi élaborés pour les
professionnels de santé afin de les aider à aborder la question de
l’alcool. Le kit «
Ouvrons le dialogue » est ainsi un outil d’éducation du patient
à destination des professionnels de santé. Ce kit comprend
notamment un guide pratique.
Par ailleurs, pour autoévaluer leur consommation, les patients
peuvent être incités à tester l’alcoometre qui, à travers six
questions, permet à chacun d’évaluer sa consommation de manière
personnalisée au regard des repères de consommation d’alcool à
moindre risques. (5)
Pour le cas particulier des jeunes consommateurs en
questionnement sur leur consommation, des « consultations jeunes
consommateurs » (CJC) ont été créées. Ils y trouvent un lieu
ouvert et confidentiel pour faire le point et bénéficier d’une
aide, avec ou sans leurs parents. Ces lieux sont également ouverts
aux parents s’interrogeant sur la consommation de leur enfant. Les
consultations sont gratuites et présentes dans la plupart des
départements, au sein des CSAPA (Centre Spécialisé d’Accompagnement
et de Prévention en Addictologie) ou dans les lieux d’accueil des
adolescents comme les Maisons des adolescents et les Points accueil
écoute jeunes. (6)
L’évaluation de la consommation d’alcool peut être réalisée
individuellement ou avec un professionnel, à intervalles réguliers,
et constitue la première étape vers la motivation à des changements
de comportements quand ils sont nécessaires.
Je pense que la vrai question n'est pas "combien" mais "pourquoi". Chacun a bu de l'alcool. Si l'effet n'est pas important, la consommation restera réduite en fréquence et en quantité. Si l'effet est important c'est qu'un mal-être ou une souffrance préexistait. Alors, le risque de répétition existe. Qui continuerait à souffrir alors qu'une solution a été trouvée ? Ceci induit l'absence d'effet de la culpabilisation. Il faut s'occuper du pourquoi !