Parmi les résultats de la Tucson Children’s Respiratory Study (TCRS), qui a suivi pendant 28 années les maladies des voies respiratoires basses et l’asthme dans une cohorte de naissance, le Dr Fernando Martinez, à l’occasion du 8e Congrès international de pneumologie pédiatrique, a abordé la complexité des relations entre allaitement, asthme et allergie.
Des effets protecteurs contre les maladies respiratoires basses…
Le Dr Martinez a rappelé l’effet protecteur puissant de
l’allaitement maternel vis-à-vis de la survenue des maladies des
voies respiratoires basses et des otites tôt dans l’existence. Il a
souligné notamment l’association inverse entre contenu en
TGF-bêta du lait maternel, puissant stimulant de la croissance
pulmonaire, et risque de sifflement respiratoire dans la petite
enfance.
Mais il observe aussi que, si ces résultats suggèrent que des
facteurs spécifiques, biologiquement actifs, du lait maternel
pourraient avoir des effets favorables sur le développement et
protéger de l’obstruction récidivante des voies aériennes dans la
petite enfance, les relations entre allaitement maternel et
marqueurs ultérieurs de l’asthme et de l’allergie chez l’enfant
plus âgé ne sont pas simples.
… mais aussi, peut-être, des effets non bénéfiques
Illustrant cette complexité, le Dr Martinez a montré, chez les enfants dont la mère avait des taux sériques d’IgE dans les deux tertiles les plus bas de la population, que l’allaitement maternel était associé à des taux sériques d’IgE significativement plus bas à l’âge de 6 et de 11 ans. À l’opposé, lorsque les taux d’IgE sériques maternels se situaient dans le tertile le plus haut, l’allaitement maternel pendant quatre mois ou plus était associé à des taux d’IgE significativement plus élevés que ceux des enfants jamais nourris au sein maternel ou des enfants allaités au sein moins de quatre mois.
Il a exposé des interactions semblables entre allaitement maternel prolongé, allergie et asthme de la mère d’une part, et sifflement respiratoire récidivant et niveaux fonctionnels respiratoires de l’enfant au cours de la scolarité, d’autre part. Les enfants de mère asthmatique nourris au sein maternel pourraient ainsi avoir une probabilité accrue de wheezing récurrent et un rapport de Tiffeneau plus bas que les enfants de mère asthmatique non nourris au sein.
Les raisons de ce paradoxe sont inconnues ; les études menées chez l’animal suggérant la présence d’un composé, dans le lait de mère asthmatique, qui pourrait prédisposer à l’hyperréactivité bronchique chez les petits nourris de ce lait.
Dr Julie Perrot