Augmentation des troubles thyroïdiens après Tchernobyl en Corse : analyse des dossiers d’un médecin

Ajaccio, le vendredi 12 août 2011 – La plus grande confusion entoure encore la question des conséquences sanitaires en France de l’accident de la centrale ukrainienne de Tchernobyl. Plusieurs dizaines de patients souffrant de maladies de la thyroïde résidant pour la plupart en Corse et dans l’Est de la France se sont constitués partie civile en 2001 pour dénoncer les dissimulations de l’état au lendemain de la catastrophe. Une information judiciaire pour tromperie aggravée a ainsi été ouverte et le professeur Pierre Pellerin, qui à l’époque avait affirmé que l’augmentation du niveau de radioactivité sur le territoire français ne justifiait pas de prendre de mesures de santé publique, a été mis en examen. Cependant, cette procédure judiciaire pourrait s’achever par un non lieu, comme le suggère le soutien du parquet à la demande de non lieu présentée par le Professeur Pellerin.

Un seul endocrinologue pour toute l’île de Beauté

Un nouvel élément pourrait cependant sonner comme un coup de théâtre et conduire la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris à prononcer une décision à l’encontre de l’avis du parquet le 7 septembre. Un rapport d’experts dont l’AFP s’est procuré une copie et dont la teneur a été révélée hier par le Parisien confirmerait l’existence d’une forte augmentation des troubles de la thyroïde en Corse après le passage du nuage radioactif. L’étude s’appuie principalement sur les dossiers du Dr Jean-Charles Vellutini, endocrinologue, qui fut pratiquement le seul à exercer cette spécialité sur l’île de Beauté avant 1986. La comparaison de certains dossiers du praticien tirés au sort avant et après 1986 suggère une « augmentation importante à très importante après 1986 dans l'espèce humaine de la proportion des troubles thyroïdiens par rapport aux autres affections endocriniennes » écrivent les professeurs Pierre-Marie Bras et Gilbert Mouthon à l’origine de cette enquête. « Nos résultats sur l'échantillon de la population atteinte de maladies endocriniennes en Corse, tiré au hasard dans les dossiers médicaux du Dr Vellutini, médecin endocrinologue ayant exercé pratiquement seul en Corse avant 1986, et permettant la comparaison des pourcentages de patients souffrant d'atteintes de la thyroïde avant et après 1986, montrent à l'évidence une augmentation du pourcentage de troubles thyroïdiens dans cette population après 1986 » ajoutent-ils encore. Pour les personnes s’étant constituées partie civile et qui se désolaient de la perspective d’un non lieu, ces résultats constituent un espoir fort de connaître une issue judiciaire plus favorable. Déjà, l’avocat de plusieurs d’entre elles, Maître Emmanuel Ludot a annoncé : « Je vais demander à la Cour de bien vouloir rouvrir les débats pour permettre d’examiner ce rapport et afin de rejeter la demande de non lieu du Professeur Pellerin ». Néanmoins, la particularité de cette étude ne reposant que sur les observations d’un seul médecin pourrait constituer une certaine faiblesse.

Léa Crébat

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