
Une promesse de campagne d’Emmanuel Macron
Les syndicats opposés à toute obligation
Quentin Haroche
Quentin Haroche
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Notre président a eu une idée et tous ses ministres l'appliquent servilement, lequel aura le courage de lui dire ce que les internes et les syndicats de médecins viennent de répondre ?
Un an de "service national" payé comme des "Dr juniors", à 2800 €/mois, pas cher quand on se compare aux boîtes d'intérim qu'on dénonce publiquement (avec une loi pour les empêcher d'embaucher les jeunes soignants dès 2023).
Un an d'"études" : mais quelles études ? Comment le ministre de l'enseignement ose-t-il justifier au plan pédagogique cette année ? Un simulacre de programme genre "certificat d'exercice en mode dégradé dans un désert médical" ?
Comment les complices de cette mascarade se sont-ils retrouvés dans cette escroquerie ?
Je plains les internes, et je parie que cette mesure sera contre productive .
Mais comme notre président est content il faudra vite le détromper : 35 heures et pas une de plus, permanences seulement si rémunérées avec repos de sécurité, arrêts maladie (syndrome dépressif et anxieux par perte d'objet (la motivation perdue du boulot, nommée en ce moment "quiet quitting" ou démission silencieuse, voire burn-out avec complète perte d'empathie), 2 patients le matin et 2 l'après midi, etc.
Je sais que l'hôpital a des problèmes, je sais qu'il y a des déserts médicaux, mais je sais aussi que ces mesures visant à bloquer 1 ou 2 ans de plus les jeunes soignants dans le système public sont néfastes et que leurs promoteurs n'ont pas le courage de les revendiquer pour ce qu'elles sont : scandaleuses.
Dr F Chassaing
Remarques sur la forme plus que sur le fond :
1- Le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2023 devient un fourre tout de passage en force où on risque de retrouver 4ème année MG et... retraites.
2- Les réactions des uns et des autres étaient prévisibles. Pas exclu, en temps d'excès et outrances, que l'analogie avec le "STO" soit reprise. Une nouvelle gréve " Elasto " en vue ?
3- La notion d'"encouragement" laisse perplexe, la contrainte qui nous insupporte pointe.
4- Pas sûr que l'attractivité de la MG se trouve renforcée par cette innovation adaptative : QS choix ECN 2020, 2021, 2022.
Sur le fond, changement de paradigme : la demande doit maintenant s'adapter à la paucité de l'offre malgré sa " dispensarisation ". Les 4èmes années MG "isolé(e)s", pratiques avancées, téléconsultations mercantilisées. Lambaréné et le retour du Dr A Schweitzer ? Constats et critiques sont faciles : des solutions convenant à tous ? Je n'en vois aucune, le nivellement par le bas a déjà commencé.
Dr JP Bonnet, 62ans PH
Il n'est pas sûr que hurler au scandale aide beaucoup à progresser dans la résolution des indiscutables problèmes que pose notre système de santé en pleine déconfiture. L'obligation faite aux jeunes généralistes de "donner" une année aux zones désertifiées n'est certainement pas une bonne mesure, pour de nombreuses raisons. Néanmoins, tous les vieux médecins (comme moi) se souviennent de leurs débuts dans le métier comme "remplaçants à la campagne", lâchés dans la nature sans expérience ni même compétence réelle. C'était un autre temps, mais quand même un considérable apprentissage, et un inestimable service aux populations, effectué dans des conditions difficiles.
Bref, comme Lampedusa l'a fait dire à Tancrède : "il faut que tout change pour que rien ne change". On n'y parviendra pas en saupoudrant la politique de santé avec des idées saugrenues, mais par une nécessaire révolution : un risorgimento sanitaire !
Dr Pierre Rimbaud