Biomarqueurs des maladies obstructives en pratique clinique (épisode 2) : quid de la BPCO ?

Quels biomarqueurs (BM) peut-on envisager dans la bronchopneumopahtie chronique obstructive (BPCO) ? Le Pr Arnaud Bourdin (Montpellier) propose l’analyse du mucus comme voie de compréhension du génie évolutif de la maladie, et de son suivi.

L’analyse de la mucine à proprement parler (protéines présentent dans le mucus qui forme la barrière protectrice à la surface des voies aériennes) est à l’étude, notamment la modulation de l’expression génétique de ses composants. Tout comme dans l’asthme, une intervention sur celles-ci pourrait aider à comprendre sinon modifier l’obstruction bronchique.

En outre, l’analyse histologique de la muqueuse bronchique évaluant la répartition des cellules ciliées et caliciformes, productrices de mucus et hyperplasiques dans la BPCO, serait également une piste. Les cellules basales, considérées comme les « cellules piliers » de la muqueuse, peuvent se différencier en cellules ciliées ou caliciformes, ce qui pourrait être médié entre autres par les cellules éosinophiles.

Ces deux domaines sont encore à l’étude, reposant sur des prélèvements endoscopiques de muqueuse bronchique, méthode invasive. Des domaines de recherche sur la mucolyse sont enfin annoncés : étude du rôle du calcium, des ponts disulfures par exemple.

Et si le meilleur BM de la BPCO était le temps (qui a trop) passé, s’interroge de façon provocatrice mais très stimulante le Pr Alvar Agusti, de Barcelone (1) ? Il faut probablement comprendre cette adresse comme un nouveau rappel que la spirométrie est le meilleur outil de détection et de suivi de la maladie. Le Pr Agusti martèle à la fin de sa remarquable intervention que l’on arrive trop tard (peut-être 30 ans après…) lorsqu’on diagnostique une BPCO à l’âge de 65 ans.

Dans l’intervalle, de nombreux événement se sont produits qui n’ont pas été enregistrés (naissance prématurée, tabagisme pendant la grossesse, infections respiratoires répétées) alors qu’ils devraient faire partie de l’anamnèse, au même titre que l’exposition au tabac ou à des polluants professionnels.

Au terme de ce tour d’horizon on peut noter ce que les orateurs n’ont pas évoqué, notamment un BM abondamment relayé par  l’industrie pharmaceutique : le taux sanguin d’éosinophiles PNE > 300/mm3, présenté comme un élément clé de la réponse de la BPCO aux corticoïdes inhalés. Les symposiums du lendemain, ont permis d’exposer des avis plus réservés à ce sujet.

Ainsi le Pr PJ Barnes, chercheur mondialement reconnu dans les domaines de l’asthme et la BPCO, estime qu’à peine 20 % des malades atteints de BPCO pourraient répondre à la corticothérapie (2). Le Pr Mona Bafadhel, dans un exposé consacré à l’éosinophilie de la BPCO (3) annonce certes que le dosage des PNE peut être considéré comme un BM de la BPCO mais c’est essentiellement pour insister sur sa valeur prédictive négative : un taux de PNE <100 est considéré dans la BPCO comme prédisant l’absence d’effet dans la BPCO des substances corticoïdes.

Encore une fois, le BM idéal n’existe pas encore !

Dr Bertrand Herer

Références
Symposia (1) « Biomarkers of airway diseases in clinical practice », Prs Florence Schleich, Arnaud Bourdin, Alvar Agusti Garcia-Navarro, ERS International Congress, Barcelone, 4 septembre 2022 ;
(2) « Starting on the right path: How can I optimise treatment initiation in my patient? Treatment alterations: How can I ensure a perfect fit for my patient? The final fitting: Is this inhaler right for my patient? », Pr PJ Barnes (Londres) ERS International Congress, Barcelone, 5 septembre 2022;
(3) « Understanding the role of eosinophilic COPD management: are clinical trial data ready for application in everyday clinical care? », Pr. Mona Bafadhel, ERS International Congress, Barcelone, 5 septembre 2022.

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