Canada : une personne sur dix ne peut pas payer ses médicaments

Montréal, le mercredi 8 mars 2017 - Une étude publiée fin février dans le Canadian Medical Association Journal conclue qu’un système sanitaire à payeur unique garantirait un meilleur accès aux soins et ferait économiser des milliards aux assurés. Les auteurs rappellent que 20 % des Canadiens ne sont pas suffisamment assurés pour couvrir le coût des prescriptions qu’ils reçoivent en dehors de l’hôpital. De fait, ce pays est l’unique économie avancée dont le système de santé exclue la couverture universelle des médicaments avec prescription dispensés en ville.

Cette situation entraîne de fortes inégalités de santé puisque 10 % des Canadiens assurent qu’ils n’ont pas les moyens d’acquérir les médicaments qui leur sont prescrits. Un Canadien sur cinq affirme également avoir omis des doses, fractionné ses pilules ou ne s’être tout simplement pas servi de son ordonnance pour des raisons pécuniaires. Le Dr Nav Persaud, médecin à l’Hôpital St. Michael de Toronto, qui suit « des gens issus de pays à faible revenu disposant de programmes d’accès aux médicaments » évoque le fait que ces derniers « ont été surpris quand ils sont venus ici et n’ont pas pu obtenir les médicaments qu’ils leur ont été prescrits ».

Une économie de 3,3 milliards d’euros

En fournissant l’accès aux 117 médicaments essentiels (antidépresseurs, contraceptifs oraux, analgésiques, antihypertenseurs, antibiotiques, insuline ou encore antirétroviraux) qui représentaient, en 2015, 44 % de toutes les ordonnances au Canada et 30 % de l’ensemble des médicaments vendus, les auteurs de l’étude ont calculé que les employeurs et les assurés devraient économiser 4,7 milliards de dollars canadiens par an (3,3 milliards d’euros) pour une dépense étatique augmentée annuellement de 870 millions d’euros. De surcroît, les auteurs précisent que ce calcul ne prend pas en compte les économies indirectes réalisées par le gouvernement sur le coût des assurances privées pour les employés du secteur public, ainsi que celles qui découleront d’une meilleure observance des traitements pesant positivement sur le recours au système hospitalier.

Rappelant que le prix moyen des médicaments génériques était 47 % moins cher aux Etats-Unis qu’au Canada (43 % pour les princeps), 60 % moins cher en Suède et 84 % moins cher en Nouvelle-Zélande, l’étude met donc en avant tous les avantages qu’il y aurait de mettre en place un système à payeur unique permettant à une agence de négocier le prix le plus bas possible pour les médicaments. L’an dernier, le gouvernement fédéral a adhéré à l’Alliance pancanadienne pharmaceutique, un programme d’achat de médicaments en vrac visant à réduire le coût des médicaments sur ordonnance. Pour autant, le Canada n’a toujours pas adopté de plan concret visant à un accès universel des médicaments essentiels, malgré un appel de 2012 du comité de la santé de la Chambre des communes.

Benoît Thelliez

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