Les bouffées de chaleur (bdc) peuvent altérer la qualité de vie des femmes traitées avec succès pour cancer du sein. Les œstrogènes étant contre-indiqués, les progestatifs seuls ont été essayés avec succès dès 1994, mais à la dose de 40 mg/j pendant une courte durée. Une posologie moindre, mais prolongée, a fait l’objet de cet essai.
Les femmes incluses dans l’étude devaient présenter au moins 10 bdc/semaine (de quelque intensité que ce fût) ou au moins 5 bdc sévères/semaine. Elles avaient un cancer du sein classé T1- T3, N0-N1, M0, et avaient toutes été traitées par chirurgie et chimiothérapie. Si le tamoxifène avait été prescrit, il devait l’avoir été depuis plus de 4 mois. Les femmes ne devaient ni être enceintes, ni en cours d’allaitement, et ne devaient pas présenter d’autres pathologies malignes (biopsie d’endomètre en cas de métrorragies).
La randomisation a défini 3 groupes. Les femmes du premier
groupe étaient sous placebo (GP ; n=101), celles des second et
troisième groupes ont bénéficié d’un traitement par acétate de
mégestrol (AM) à raison respectivement de 20 mg/j (G20 ; n=92) et
de 40 mg/j (G40 ; n=93) pendant 3 mois.
En cas de réduction de plus de 75 % des bdc, le traitement était
poursuivi à l’identique 3 mois supplémentaires. Dans le cas
contraire, 20 mg d’AM étaient ajoutés au traitement, suivi en
double aveugle jusque là. Les 3 groupes étaient comparables (âge,
fréquence et ancienneté des bdc).
Après 3 mois, une amélioration significative des bdc a été constatée chez 14 % des femmes sous placebo, versus 65 % d’entre elles dans le groupe 20 mg/j d’AM et 48 % dans le groupe 40 mg/j. La différence entre le placebo et les 2 groupes de traitement actif était significative (p<0,0001). En revanche, entre les deux groupes traités par AM, les résultats ne différaient pas significativement. Les effets secondaires sous AM étaient assez discrets : métrorragies, prise de poids et fatigue essentiellement. Cependant que d’autres symptômes (sécheresse vaginale, sueurs nocturnes, difficultés de concentration) ont été légèrement améliorés, mais autant par le placebo que par l’AM.
Parmi les 112 patientes dont les bdc ont notoirement régressé après 3 mois, toutes ont continué le traitement qu’elles avaient entrepris, et le succès s’est confirmé à 6 mois chez 106 d’entre elles (13 GP, 51 G20, 42 G40). Six femmes ont toutefois vu leurs bdc empirer (1 GP et 5 G20).
Parmi les 113 patientes dont le traitement a été considéré comme un échec à 3 mois, l’addition au traitement initial de 20 mg/j d’AM n’a été efficace que dans le groupe placebo (47 % de succès), mais pas chez les femmes déjà sous AM.
L’acétate de mégestrol est donc actif sur les bouffées de chaleur avec des bénéfices prolongés, et la dose de 20 mg/j paraît suffisante.
Dr Jean-Fred Warlin