Le traitement du carcinome cellulaire rénal localisé mais évolué consiste habituellement en une néphrectomie partielle ou radicale. Chez un nombre substantiel de patients, le risque de récidive apparaît élevé, car il n’existe pas actuellement de traitement adjuvant qui ait fait la preuve de son efficacité. A cet égard, un vaccin autologue consistant en une HSP (heat shock protein) dérivé de la tumeur, le HSPPC-96 (HSP-glycoprotéine 96-peptide complex) (vitespen) représente un espoir thérapeutique en tant que traitement adjuvant chez les malades à haut risque de récidive, dans les suites d’une néphrectomie pour carcinome cellulaire localisé évolué.
Un essai contrôlé ouvert a inclus 818 malades atteints d’une
telle tumeur, répartis en 2 groupes par randomisation, selon la
stratégie thérapeutique utilisée, respectivement le vitespen
(n=409) versus le suivi traditionnel (n=409). Le tirage au sort a
été réalisé dans un rapport un sur un, au moyen d’un générateur de
nombres pseudo-aléatoire informatisé. Une stratification a été, en
outre, mise en œuvre, en fonction de diverses variables à
connotation pronostique. Le vitespen a été administré par voie
intradermique : 1) d’abord une fois par semaine pendant 4 semaines
; 2) puis toutes les 2 semaines.
Le principal critère d’efficacité était la survie sans récidive.
L’analyse des données a été réalisée en intention de traiter
(ITT).
Le nombre d’exclus, du fait d’un écart par rapport aux critères d’inclusion post-opératoires, s’est élevé à 48 dans le groupe vitespen et à 42 dans l’autre groupe. Au final, l’analyse ITT a été faite chez 361 patients du groupe traité, versus 367 dans l’autre groupe.
Au terme d’un suivi d’une durée médiane de 1,9 année, la fréquence des récidives a été de 37,7 % dans le groupe traité, versus 39,8 % dans l’autre groupe (risque relatif [RR]=0,92 ; p=0,506). Après cette analyse intermédiaire, le suivi a été prolongé pendant deux ans, au terme desquels, 70 décès ont été dénombrés dans le groupe traité, vs 72 dans l’autre. Les données s’avérant insuffisantes pour évaluer la survie globale, l’étude se poursuit actuellement.
Dans les analyses exploratoires prédéfinies, il s’avère que les récidives en cas de tumeur de stade I ou II, sont de 15,2 % et de 31 % respectivement dans les groupes vitespen et suivi traditionnel, le seuil de signification statistique n’étant pas loin (RR=0,576 ; p=0,056). Les événements indésirables les plus fréquemment associés au vitespen se sont avérés bénins, à type d’érythème au point d’injection ou d’induration locale.
Cette étude contrôlée ouverte montre que, dans les suites d’une néphrectomie pour carcinome rénal cellulaire, le vitespen n’a globalement aucun impact significatif sur la survie sans récidive. L’espoir d’atteindre cet objectif persiste néanmoins, dans la mesure où l’administration plus précoce de ce médicament, à un stade moins évolué de la maladie (I ou II, par exemple) pourrait être efficace, comme le suggèrent les résultats de certaines analyses post hoc. Il faut néanmoins valider cette hypothèse par des études contrôlées ad hoc.
Dr Peter Stratford