Cardiomyopathie hypertrophique obstructive, apprenons à dire mavacamten

Chez les patients atteints d’une cardiomyopathie hypertrophique obstructive (CMHO), l’objectif primordial du traitement est l’amélioration des symptômes qui hypothèquent lourdement la qualité de vie et ses multiples dimensions. La pharmacothérapie actuelle repose sur des médicaments qui ne sont en aucun cas spécifiques de la pathogénie sous-jacente.

Par ailleurs, leur acceptabilité est souvent moyenne, voire médiocre de sorte qu’il y a une large place pour des traitements innovants. Le mavacamten qui est un inhibiteur spécifique de la myosine cardiaque constitue, à cet égard, une petite révolution thérapeutique en marche depuis ces trois dernières années. Ses effets hémodynamiques favorables sur le gradient de pression intraventriculaire gauche qui témoigne du caractère obstructif de la CMH ont été clairement établis, mais le bénéfice clinique semble en être le corollaire direct.

Évaluation dans un essai multicentrique appelé EXPLORER-HCM

En témoignent les résultats d’un essai randomisé multicentrique international de phase 3, mené à double insu contre placebo, dit EXPLORER-HCM, dans lequel ont été inclus 251 patients atteints d’une CHMO symptomatique (gradient ≥50 mm Hg et New York Heart Association class II–III). Deux groupes ont été constitués par tirage au sort (1:1) et traités pendant 30 semaines par le mavacamten (n = 123) ou le placebo (n = 128). Le critère d’efficacité principal reposait sur un outil d’évaluation spécifique et validé, en l’occurrence le questionnaire multidimensionnel KCCQ (Kansas City Cardiomyopathy Questionnaire). Ce dernier qui prend en compte les symptômes, l’état de santé et la qualité de vie a été rempli par les participants à l’état basal, puis à intervalles réguliers jusqu’à la fin de l’étude (30 semaines). Le taux de réponses a été voisin dans les deux groupes (75 % dans le groupe traité versus 69 % dans l’autre.)

Une petite révolution thérapeutique

Dans le groupe traité, le score moyen à la 30e semaine a été estimé à 14,9 [DS 15,8] versus 5,4 [13,7] dans le groupe placebo, soit une différence en valeur absolue de +9,1 points [intervalle de confiance à 95 % IC 95 % 5,5–12,8] (p < 0,0001). Une variation très importante du score global KCCQ (≥20 points) a été enregistrée chez 36 % des patients du groupe traité, versus 15 % dans le groupe placebo, soit une différence en valeur absolue de 21 % (IC 95 % 8,8–33,4). Le nombre de patients à traiter pour atteindre cet objectif thérapeutique ambitieux a été calculé à cinq (IC 95 % 3–11). Dans les huit semaines qui ont suivi l’arrêt du traitement, l’effet symptomatique s’est totalement dissipé. 

Les résultats de cet essai randomisé, mené à double insu contre placebo, illustrent l’efficacité symptomatique du mavacamten chez des patients atteints d’une CHMO invalidante. L’objectif du traitement dans ce contexte étant de fait la recherche d’un effet symptomatique, il semble que cet inhibiteur spécifique de la myosine cardiaque soit le bienvenu, d’autant qu’il améliore également la qualité de vie, la forme physique et les interactions sociales. Autant de variables effectivement prises en compte dans le questionnaire KCCQ spécifiquement conçu pour cette cardiopathie.

Dr Philippe Tellier

Référence
Spertus JA et coll. : Mavacamten for treatment of symptomatic obstructive hypertrophic cardiomyopathy (EXPLORER-HCM): health status analysis of a randomised, double-blind, placebocontrolled, phase 3 trial. Lancet 2021 ; publication avancée en ligne le 15 mai. doi.org/10.1016/ S0140-6736(21)00898-9.

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