
Paris, le mardi 17 mars 2015 – Depuis 2006, le CIC-Crédit mutuel propose à ses clients qui ont souscrit auprès de lui une assurance santé de bénéficier d’une carte spécifique, leur permettant de ne voir les frais liés à des dépenses de santé débités uniquement après obtention de leur remboursement. Le dispositif fonctionne bien et satisfait dans la grande majorité des cas les titulaires de cette carte, ainsi que les professionnels de santé chez lesquels elle est utilisée. En se référant à ce modèle, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) défend depuis de nombreux mois l’idée que ce dispositif pourrait être étendu à tous les Français, via la distribution de "carte santé" à tous les titulaires de carte bleue. Pour déterminer la faisabilité d’un tel système, la CSMF a interrogé six grandes banques : le Crédit agricole, la Société générale, BNP Paribas, la Poste, le CIC-Crédit Mutuel et la Banque populaire-Caisse d’épargne. Toutes ont jugé le projet parfaitement réalisable selon Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, cité par le Figaro.
Un tiers des médecins équipés pour accepter les cartes bleues
Aux yeux de la CSMF, ce dispositif présente de nombreux avantages par rapport aux tiers payant, tout en assurant une réelle dispense d’avance de frais aux patients. Il assure en effet au médecin la garantie d’être payé rapidement et systématiquement. Le syndicat n’ignore pas cependant que certains obstacles demeurent et notamment le fait que seul un tiers des médecins dispose aujourd’hui d’un terminal à carte bleue. Il juge cependant que dans le cas où l’utilisation de la carte de santé à débit différé serait acceptée, les praticiens seraient prêts à faire l’effort d’acquérir ce type d’appareil, moyennant un coût qui pourrait aller jusqu’à 747 euros par an. Demeureraient cependant les difficultés liées aux rares Français qui ne disposent pas de carte bleue. Le CSMF estime que des "cartes prépayés" pourraient pallier cette difficulté, qui répond par ailleurs à la complexité des cas pas si rares de patients qui ne disposent pas pour diverses raisons de carte vitale.
Le ministre fait semblant de ne pas voir la différence
Le ministre a déjà été interrogé à plusieurs reprises sur un tel dispositif y compris dans le cadre des concertations. Elle continue à s’y opposer sans mettre en avant de raisons emportant définitivement la conviction. Ainsi, hier, sur le plateau de BFM, elle a estimé que le système allait à l’inverse du souhait de simplification, puisqu’un second terminal serait nécessaire. « Une carte bleu spéciale santé comme manière de ne pas payer les frais, c’est le tiers payant » a-t-elle résumé, oubliant une différence majeure : l’Assurance maladie ne sera pas dans le cas de la carte à débit différé le payeur des médecins ; ce qui constitue aux yeux de beaucoup un casus belli indépassable. Mais il s’agit d’un argument que le ministre refuse d’entendre.
Aurélie Haroche