Certains antipsychotiques augmenteraient le risque de cancer du sein
Selon certaines études transversales du type cas-témoins, le risque
de cancer du sein serait augmenté chez les patientes atteintes
d’une schizophrénie, par rapport à la population générale. Quelle
est la part des traitements dans ce risque supposé ? Les
antipsychotiques qui ont tendance à interférer avec le métabolisme
de la prolactine pourraient-ils être en cause ? C’est à ces
questions que tente de répondre une étude finlandaise du type
cas-témoins intracohorte dans laquelle ont été initialement
incluses 30 785 femmes chez lesquelles le diagnostic de
schizophrénie a été posé entre 1972 et 2014.
Étude chez des patientes souffrant de
schizophrénie
Un cancer du sein a été détecté et traité chez 1 069 d’entre
elles entre le 1er janvier 2000 et le 31
décembre 2017. Ce groupe (âge : 18-85 ans) a été constitué après
exclusion des cas comportant des antécédents de cancer, de
transplantation d’organes, de mastectomie ou encore d’infection par
le VIH. Le groupe témoin a compté 5 339 patientes atteintes de
schizophrénie, indemnes de cancer du sein et appariés selon l’âge
et l’ancienneté de la maladie. L’analyse des données a reposé sur
une régression logistique conditionnelle avec ajustements sur les
comorbidités et les traitements concomitants.
La prise d’antipsychotiques qui n’interfèrent pas avec le
métabolisme de la prolactine (incluant la clozapine, la quetiapine
ou l’aripiprazole) ne s’est pas accompagnée d’une modification du
risque de cancer du sein, que la durée d’exposition soit comprise
entre une et quatre années (odds ratio ajusté [ORa] 0,95,
intervalle de confiance à 95 % IC 95% 0,73-1,25) ou supérieure à
cinq années (ORa 1,19, IC 95 % 0,90-1,58) (versus durée < une
année).
Un lien avec la prise d’antipsychotiques induisant une
hyperprolactinémie
Les résultats sont quelque peu différents avec les
antipsychotiques capables d’augmenter la production de prolactine,
le risque de cancer du sein étant significativement augmenté,
uniquement en cas d’exposition prolongée (≥ 5 ans), l’ORa
correspondant étant en effet estimé à 1,56 [IC 95 % 1,27-1,92], p
< 0,001). Le risque d’adénocarcinome lobulaire est apparu plus
élevé que celui d’adénocarcinome canalaire, les valeurs
correspondantes des ORas étant respectivement de 2,36 [IC 95 %
1,46-3,82] et 1,42 [IC 95 % 1,12-1,80].
L’exposition prolongée aux antipsychotiques capables de stimuler la
production de prolactine semble donc associée à une augmentation du
risque de cancer du sein chez les patientes atteintes de
schizophrénie. Un argument de plus pour surveiller les taux
plasmatiques de prolactine chez les patientes exposées à ces
médicaments.
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