C’est dans l’oeil que pourrait se mesurer le volume cérébral

Les volumes cérébraux diminuent avec l’âge au rythme de 5 % par décennie à partir de 40 ans, mais au-delà de 70 ans, le processus gagne du terrain a fortiori quand s’installe une maladie neurodégénérative. L’atrophie hippocampique est même un marqueur de la maladie d’Alzheimer à ses stades déjà évolués et l’IRM est la technique de choix pour la mettre en évidence. D’autres biomarqueurs plus prompts à se manifester au stade du déficit cognitif et mnésique précoce font l’objet d’une recherche active. L’objectif est d’aboutir à un dépistage peu onéreux de signes objectifs–structurels ou fonctionnels-en faveur d’un diagnostic précis, ce qui est loin d’être acquis. A la lueur d’études relativement récentes, des relations significatives ont été établies entre certaines anomalies rétiniennes et les modifications des structures intracrâniennes. Il est vrai que l’œil est une fenêtre ouverte sur le cerveau et l’avènement de la tomographie par cohérence optique avec analyse spectrale (SD-OCT ou spectral domaine-optical coherence tomography) ouvre des perspectives dans le diagnostic précoce des maladies neurodégénératives. En témoignent les résultats d’une étude transversale basée sur les données collectées de manière prospective au sein de l’UK Biobank.

Une étude transversale : 2 131 participants

Au total, 2 131 participants (âge moyen= 55 ans; femmes : 51 %) en bonne santé apparente ont bénéficié d’une SD-OCT qui a permis de mesurer l’épaisseur de la rétine et de ses couches dans diverses régions sous la forme des paramètres suivants : fibres nerveuses rétiniennes maculaires (mRNFL), couche plexiforme interne des cellules ganglionnaires maculaires (mGCIPL), complexe des cellules ganglionnaires maculaires (mGCC) et épaisseur maculaire. Par ailleurs, une IRM a évalué le volume cérébral total, le volume de la substance blanche, celui de la substance grise et le volume de l’hippocampe. Une analyse multivariée par régression avec ajustement selon les variables démographiques et les facteurs de risque cardiovasculaire a mis en évidence une relation entre les données de l’OCT et celles de l’IRM.

L’épaisseur de la rétine : un reflet de l’atrophie cérébrale

Une diminution de l’épaisseur maculaire totale, de mGCIPL et de mGCC a été significativement associée à une réduction des volumes cérébraux (total, substance blanche, substance grise) (p<0,01 à p<0,001), plus précisément du volume de la substance grise du pôle occipital (p<0,05). Une relation similaire a été établie entre, d’une part mGCC et épaisseur maculaire totale, d’autre part, volume hippocampique (p<0,02).

Cette étude transversale établit des relations significatives entre les marqueurs de la neurodégénérescence rétinienne et la réduction des volumes cérébraux. Il reste à préciser la valeur diagnostique d’une telle sémiologie oculaire facilement accessible à l’OCT, ce qui nécessite d’autres études comparatives et prospectives, en recourant à d’autres variables que celles fournies par l’IRM.

Dr Philippe Tellier

Référence
Chua SYL et coll. Relationships between retinal layer thickness and brain volumes in the UK Biobank cohort Eur J Neurol. 2021;28(5):1490-1498. doi: 10.1111/ene.14706.

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