Chlordécone et cancer de la prostate : des travaux complémentaires encore nécessaires

Paris, le jeudi 18 octobre 2018 - La chlordécone, pesticide toxique pour l’homme qui entraîne une pollution durable des eaux et des sols, a été utilisée dans les bananeraies aux Antilles Française de 1972 à 1993.

Dans ce contexte, depuis 2004, Santé publique France (SPF) et l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) mènent des travaux pour améliorer les connaissances sur l’exposition des populations à ce pesticide et les risques sanitaires potentiellement associés.

A l’occasion du « colloque scientifique et des journées de restitution publique sur la pollution à la chlordécone » qui se tient en Martinique et en Guadeloupe du 16 au 19 octobre, SPF a présenté plusieurs études.

Concernant l’imprégnation de la population adulte (mesurée par des dosages sanguins), des travaux indiquent que ce pesticide est détecté chez plus de 90 % des individus et que 5 % présentent des taux dix fois plus élevés que l’imprégnation moyenne. En outre, il est à noter que si depuis 2003 on observe une diminution de l’imprégnation par la chlordécone pour la majorité de la population, le niveau des sujets les plus exposés ne diminue pas.

Plus étonnant, si les indicateurs de la surveillance épidémiologique du cancer de la prostate aux Antilles mettent une nouvelle fois en évidence que les taux d’incidence du cancer de la prostate en Guadeloupe et en Martinique se situent parmi les plus élevés au monde, ils permettent également d’observer que l’analyse spatiale de la distribution des cas de cancer de la prostate en Martinique ne montre pas d’excès dans les zones contaminées par la chlordécone. Aussi, SPF estime que « le rôle d’autres facteurs de risque expliquant ce taux élevé de cancer de la prostate reste à étudier ».

Pour autant, les prochaines recherches de SPF consisteront à suivre « l’évolution des expositions à la chlordécone et autres pesticides aux Antilles afin de mesurer l’efficacité des politiques publiques visant à réduire les expositions » souligne l’agence.

Frédéric Haroche

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