Strasbourg, le vendredi 4 octobre 2013 - Nous vous faisions part le 1er octobre (Circoncision : le débat sera tranché en Suède) des réserves émises sur la circoncision infantile par le défenseur des enfants Suédois et du dépôt par des député de ce pays d’un projet de loi visant à interdire cette pratique chez les mineurs pour motifs religieux.
C’est maintenant le Conseil de l’Europe (qui englobe quasiment tout les états de l’Europe géographique, à ne pas confondre avec l’union européenne) qui condamne ce rituel.
A l’issue d’un débat à Strasbourg, l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a adopté une résolution basée sur un rapport de la commission des affaires sociales, de la santé et du développement durable (par 78 voix pour,13 contre et 15 abstentions) qui demande l’interdiction de la circoncision masculine et des mutilations génitales féminines en dehors du cas ou l’enfant, âgé de plus de 15 ans, consent à cette pratique.
Le Conseil appelle ainsi les états à « lancer un débat public, y compris un dialogue interculturel et interreligieux, visant à parvenir à un large consensus sur les droits des enfants contre les atteintes à leur intégrité physique selon les normes des droits de l’homme » et à « adopter des dispositions juridiques spécifiques visant à assurer que certaines opérations et pratiques ne soient pas effectuées avant que l’enfant ne soit assez âgé pour être consulté ».
Cette résolution demande aussi la prohibition en Europe des tatouages, piercing, des interventions sur les enfants intersexués et enfin des opérations de chirurgie esthétique sur les mineurs. Il demande également aux états membres de sensibiliser leurs populations aux risques que peuvent présenter certaines de ces pratiques pour la santé physique et mentale des enfants. Il invite au minimum les Etats à légiférer pour définir les conditions médicales et sanitaires à respecter s’agissant de pratiques telles que la circoncision religieuse.
C’est la question de la circoncision rituelle que le conseil qualifie de « coercition et de violation des droits de l’enfant » qui aura fait le plus couler d’encre.
Protestations des organisations juives et du gouvernement israélien
Le Président de la Conférence des rabbins européens a dénoncé ce qu’il appelle « le nouvel antisémitisme ». Dans le même temps l'association des organisations juives européennes (EJA) proclame « c'est une atteinte honteuse à la tradition juive, qui est acceptée depuis des milliers d'années, et a été opérée des dizaines de milliers de fois sans aucune complication » a déclaré son président, le rabbin Menachem Margolin. « L'argument médical n'est pas justifié » conclu t-il.
Le ministre des affaires étrangère israélien demande ce matin au Conseil de l'Europe d'annuler cette résolution : « la circoncision des enfants de sexe masculin est une ancienne tradition religieuse pour le judaïsme et l'islam, et courante dans certains milieux chrétiens. Toute comparaison aux mutilations 'génitales féminines' est un acte d'ignorance effroyable au mieux, de la diffamation et de la haine antireligieuse au pire ».
Gageons que cette bataille où s'affrontent protection des droits de l'enfant et liberté religieuse, droits de l'homme et "prescription divine", est loin d'être clos.
FH