
Des stratégies pour contourner la manipulation
Le British Medical Journal publie une enquête sur la perception des conflits d’intérêt par 20 praticiens familiers des essais cliniques. L’objectif était d’identifier et d’analyser leur expérience des conflits d’intérêt, leur ressenti de l’influence de ces derniers sur leur façon de travailler et de préciser les stratégies utilisées pour réduire cette influence.Deux thèmes prédéfinis émergent des entretiens : l’influence des conflits d’intérêt et les stratégies mises en œuvre. L’influence des conflits d’intérêt se manifeste sur le choix de l’objet de comparaison, la manipulation du déroulement de la randomisation, l’arrêt prématuré des essais, la fabrication de données, l’accès bloqué aux données et le truquage des résultats. Les participants reconnaissent disposer de nombreuses stratégies méthodologiques pour gérer ces conflits d’intérêt à différentes étapes des essais : mise en place de procédures de divulgation, exclusion du financeur de l’élaboration du design de l’essai et de son analyse, comités indépendants, contrats exigeant un accès total aux données et l’absence de restriction du financeur sur l’analyse des résultats et leur publication.
Problème de définition
Mais deux thèmes supplémentaires, non prévus, reviennent aussi
au fil des entretiens : la définition des conflits d’intérêt et
leur déclaration. Les participants à l’enquête n’ont pas tous la
même définition du conflit d’intérêt ou du seuil à partir duquel
ils considèrent que celui-ci existe. Certains estiment que des
conflits d’intérêt non commerciaux, comme le financement d’essais
par des agences gouvernementales avec un agenda précis pour les
résultats, ont un impact aussi important, voire plus important, que
les conflits d’intérêt commerciaux et sont plus souvent difficiles
à repérer et à gérer.
Dr Roseline Péluchon