
Irvine, le mercredi 30 septembre 2015 – Ces dernières années, les progrès médicaux et technologiques ont nourri un nouvel espoir pour les patients paraplégiques. Le développement d’exosquelettes de plus en plus performants d’une part et les greffes de cellules engainantes olfactives d’autre part ont en effet ouvert des perspectives encourageantes.
Parallèlement, le développement d’interface "cerveau-ordinateur" suscite un très grand intérêt. Depuis plus de dix ans, des équipes du monde entier (mais principalement aux Etats-Unis) on démontré la possibilité de décrypter les impulsions électriques du cerveau afin de les transformer en commande "intelligible" pour une machine. A chaque démonstration du fonctionnement de tels systèmes, les chercheurs soulignaient que l’objectif ultime serait de permettre à un sujet paraplégique de marcher de nouveau.
Un exploit impensable
Ce résultat tant recherché a été obtenu par une équipe de l’Université de Californie conduite par le docteur An Do. Ces spécialistes relatent en effet dans le dernier numéro du Journal of Neuro Engineering & Rehabilitation le dispositif mis au point par leurs soins ayant permis à un jeune homme de 26 ans paraplégique d’effectuer quelques pas, sous l’impulsion de sa seule pensée. Les signaux électriques du cerveau de ce patient, recueillis grâce à un encéphalogramme, ont été redirigés vers ses genoux équipés d’électrodes ; une transmission rendue possible grâce à un algorithme. Ce "bypass" neurologique permet de contourner la lésion médullaire et de rétablir la connexion entre le cerveau et les articulations. Après qu’a été confirmé le bon fonctionnement du système, Adam Fritz s’est entraîné pendant dix-neuf semaines pour maîtriser le dispositif. La pensée doit en effet être uniquement concentrée sur le seul fait de marcher, de déplacer une jambe après l’autre. Cet entraînement a porté ses fruits : dans une vidéo postée sur le site de l’Université de Californie, on voit le jeune homme, maintenu debout par un harnais, marcher sur une distance de quelques mètres à l’aide d’un déambulateur. Chaque pas semble un effort et les mouvements ne sont pas parfaitement coordonnés, mais le résultat n’en reste pas moins un véritable exploit aux yeux de l’équipe et surtout de ce jeune homme qui se pensait condamné à demeurer toute son existence dans un fauteuil roulant.
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De nouveaux développements attendus
Aujourd’hui, l’objectif de l’équipe d’Ann Do est double. Elle souhaite tout d’abord pouvoir expérimenter ce dispositif sur d’autres patients, afin que soient confirmées sa fonctionnalité et son innocuité. Parallèlement, les chercheurs espèrent pouvoir développer des algorithmes plus précis encore qui offriront une retranscription plus fidèle de la "pensée", afin de permettre des mouvements plus harmonieux et une fonctionnalité plus grande.
Léa Crébat